Roxana marche vite. Elle connaît ces rues par cœur. Du bout du doigt, elle désigne l’ancien orphelinat, un graffiti du Moyen Age et ces autres vestiges secrets d’un Dubrovnik épargné par le temps. La guide touristique de 36 ans vit dans l’enceinte de la vieille ville depuis toujours. Enfant, elle accompagne son père en mer. Depuis son bateau, le pêcheur lui confie les secrets de leur ville. Ses légendes chuchotées, transmises d’une génération à une autre, font naître une vocation chez Roxana : elle aussi, un jour, racontera l’histoire de Dubrovnik.
Aujourd’hui, cela fait neuf ans qu’elle accompagne des groupes de touristes pour leur montrer la face cachée de la perle de l’Adriatique. En cette journée de fin août, elle ne guide que trois groupes de visiteurs. Il y a encore quelques années, Roxana pouvait en avoir jusqu’à six différents par jour. «Je n’arrêtais pas, du lever jusqu’au soir.» Car ce rythme s’est depuis ralenti pour modérer la pression du surtourisme. La ville, débordée de visiteurs, a dû prendre des mesures pour désengorger ses rues. Au point d’ambitionner de devenir un modèle en la matière.
Comme Roxana et 80 % des habitants de Dubrovnik, Nikolina vit du tourisme. Elle gagne son pain en louant son ancienne maison. Assise sur une marche en calcaire, dans une ruelle que les touristes semblent avoir déserté, elle veille sur sa bâtisse. Sa pince rouge ébouriffe ses cheveux noir ébène coiffés en chignon. Nikolina laisse des traces de rouge à lèvres sur sa cigar