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Interview

«C’est à partir de la révolution orange que les juifs ont commencé à se sentir partie prenante de l’Ukraine»

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Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Pour Delphine Bechtel, maîtresse de conférences à la Sorbonne, les juifs d’Ukraine, qui ont payé un très lourd tribut lors de la Shoah, ont accéléré leur exode vers l’ouest du pays et vers l’étranger depuis le début de l’invasion par les troupes russes.
A Kyiv, mardi. (Felipe Dana/AP)
publié le 19 mars 2022 à 16h35

Spécialiste de la Mitteleuropa, Delphine Bechtel est maîtresse de conférences à la Sorbonne. Elle a notamment publié, avec Luba Jurgenson, Muséographie des violences en Europe centrale et ex-URSS. Pour Libération, elle revient sur l’histoire complexe des juifs de cette région aux limites fluctuantes, véritable mosaïque de cultures, entre anéantissement et résurgence, émigration vers Israël et intégration à la jeune nation ukrainienne, dont l’accession à sa tête de Volodymyr Zelensky en 2019 constitue le symbole.

Combien de juifs vivaient en Ukraine avant le début de l’invasion russe ? Et sait-on combien ont quitté le pays ?

Il est difficile d’avoir un chiffre précis, à cause des mariages mixtes et des différentes manières de compter. Selon l’association des communautés juives d’Ukraine, il y aurait 300 000 juifs en Ukraine, mais selon le démographe italo-israélien Sergio Della Pergola, ils seraient entre 56 000 et 140 000. Début mars, le grand rabbin de Kyiv et d’Ukraine, Yaakov Bleich, a tenu un discours très inquiétant sur YouTube, en russe : selon lui, la guerre de Poutine a signé la fin de la vie juive en Ukraine. Il décrit un exode massif des juifs vers l’ouest tandis que les communautés dans