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Schengen

«C’est un véritable retour en arrière» : entre l’Allemagne et la Pologne, la fin d’un pont sans frontière

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Dans les villes jumelles de Francfort-sur-Oder et de Slubice, les contrôles policiers du côté allemand ont déjà bouleversé la vie quotidienne des habitants. Sous la pression de l’extrême droite, les Polonais contrôleront à leur tour les passages à partir de ce lundi 7 juillet.
A Francfort-sur-Oder, à la frontière germano-polonaise, le 5 juillet 2025. (Patrick Pleul/DPA.AFP)
par Christophe Bourdoiseau, envoyé spécial à Francfort-sur-l’Oder (Allemagne) et Slubice (Pologne)
publié le 7 juillet 2025 à 6h13

Un brin de nostalgie flotte sur la «double ville», à la frontière germano-polonaise. Les habitants de Francfort-sur-l’Oder et de Slubice se souviennent du «bon vieux temps» où l’on pouvait encore traverser le pont de l’Oder sans voir un policier ou un douanier.

Le bon vieux temps, c’est aussi celui où il ne fallait pas craindre trois heures d’attente pour aller déguster une glace du côté allemand ou faire le plein du côté polonais. On pouvait faire une balade à vélo le long du fleuve sans prendre nécessairement ses papiers. «Je me souviens très bien du premier jour où j’ai pu emmener mes enfants à la crèche du côté allemand sans être contrôlé», se souvient Tomasz Stefanski, le maire adjoint de Slubice, très ému.

Depuis plus de deux ans, les doutes planent sur l’avenir de la libre circulation des biens et des personnes, qu’on appelle administrativement «l’espace Schengen». Les élus s’efforcent de répéter que la situation est «provisoire». Mais le temps passe et les infrastructures policières se consolident. «Nous avons fait un pas en arrière», déplore Tomasz Stefanski.

A l’entrée du pont, côté allemand, le poste de contrôle a été agrandi fin 2024 avec une nouvelle «tente tunnel» capable d’accueillir des bus de ligne (les FlixBus sont contrôlés). Avec ses fondations en béton, l’installation ressemble de plus en plus à une infrastructure faite pour durer. Et le slogan de bienvenue à l’entrée du pont prend la poussière : «Francfort/Slubice, sans frontière