Des hommes en treillis surgissent d’un sous-bois anonyme, des fumigènes noyant les alentours. Aussitôt la tranchée sablonneuse prise d’assaut, ils y avancent à pas feutrés, le canon de fusil pointé droit devant, parés à réagir à la moindre menace. Et soudain, les premiers coups de feu retentissent se mêlant au grésillement des talkies-walkies. «Grenade !», alerte un soldat ukrainien, avant la déflagration de l’engin factice. La manœuvre s’accélère, la soixantaine d’hommes menant l’offensive s’infiltrent dans la fosse. La mission ? S’en emparer, et neutraliser l’ennemi – simulé lui aussi – en cet après-midi d’avril : terrés dans des recoins d’une tranchée, ce sont des militaires français qui jouent l’envahisseur russe.
Six jours par semaine
Ici, dans cette clairière au milieu de nulle part, convertie en camp d’entraînement, on tire à blanc. Sur ce site tenu secret, dans la campagne polonaise, on apprend à faire la guerre loin de chez soi. Beaucoup étaient de simples civils avant la guerre, sans expérience militaire. «Ils sont très motivés, très réceptifs. Et les conditions du terrain en Pologne sont propices, ici, ils peuvent s’entraîner sereinement sans s’inquiéter qu’un missile russe ne leur tombe dessus», explique le lieutenant Louis. Un terrain qui s’apparente aussi à bien des égards au front de l’Est ukrainien, à l’instar des steppes du Donbass.
Document
Dans cette clairière et la plaine en contrebas, truffée de cibles, s’orchestre la résistance de Kyiv face à l’agresseur russe. Chaque moi