Les yeux encore gonflés, Ali s’extirpe de sa tente, des vêtements sous le bras. Chaque matin, le rituel est le même. Epaulé par ses parents et sa petite sœur, l’homme de 23 ans range les couvertures, retire les arceaux et replie minutieusement les deux tentes grises. En quelques minutes, toutes leurs affaires sont entassées dans quatre sacs-poubelle. Depuis dix jours maintenant, la famille originaire d’Afghanistan dort ici, juste devant la porte d’entrée du Hub humanitaire, un centre d’accueil de jour situé dans le nord de Bruxelles qui distribue entre autres des repas et des produits d’hygiène.
Arrivés en Grèce en 2023, les quatre membres de la famille ont d’abord passé deux ans à Athènes, où ils ont obtenu l’asile. Mais là-bas, la situation était «affreuse», martèle Ali. Alors le 22 août, ils sont arrivés sur le sol belge. Directement, la famille introduit une demande de protection auprès de Fedasil, l’Agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile. Mais sur place, c’est la douche froide. «Ils nous ont dit qu’on ne pouvait pas être hébergés, parce qu’on a des papiers grecs.» Ce soir-là, pour la première fois de leur vie, Ali et sa famille dorment dans la rue.