«Je suis assis en face du Président dans son bureau du Kremlin. Il est 17 heures, ce 25 décembre 1991. Dans deux heures exactement, Gorbatchev va quitter son prestigieux bureau […] pour gagner un studio de télévision aménagé à côté, où il prononcera en direct sa déclaration de démission. Quand il en reviendra, il ne sera plus que l’ex-président d’un Etat qui aura cessé d’exister.» Ainsi commence le récit d’Andreï Gratchev, le dernier attaché de presse du dernier secrétaire général de l’URSS. Dans le Jour où l’URSS a disparu (éditions de l’Observatoire), Gratchev revient sur les événements qui ont mené à la dissolution d’un immense empire, il y a exactement trente ans, et sur le tribut que la Russie et le monde continuent de lui payer.
Quel souvenir gardez-vous de cette dernière journée de l’existence de l’URSS ?
Tout d’abord, j’ai rallongé d’un jour l’histoire soviétique, en convainquant Mikhaïl Gorbatchev de ne pas faire son annonce le 24, mais le 25 décembre, pour ne pas gâcher le réveillon de millions d’Occidentaux. Le 25 décembre 1991 était un jour grave, symbolique. Un point d’orgue tragique d’une histoire longue de soixante-dix ans, le point final de la carrière de Mikhaïl Gorbatchev, qui avait entrepris une mission impossible, cherchant une issue à l’impasse historique dans laquelle avait échoué le pays. Il a réussi l’essentiel, c’est-à-dire obtenir des changements irréversibles aussi bien dans l’histoire russe que mondiale, mais il a échoué à conva