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Libération
Revers

Coalition gouvernementale aux Pays-Bas : accusé de fraude, le négociateur d’extrême droite démissionne

Chargé de trouver une coalition gouvernementale après la victoire du parti de Geert Wilders, le sénateur Gom van Strien a démissionné moins d’une semaine après, ce lundi 27 septembre.
Le sénateur et éphémère négociateur Gom van Strien à La Haye, vendredi. (Sem van der Wal/AFP)
publié le 27 novembre 2023 à 19h35

Après la victoire lors des législatives, l’impasse. Les négociations en vue de former une coalition gouvernementale aux Pays-Bas, après la première place surprise du parti d’extrême droite de Geert Wilders, sont dans l’impasse après la démission ce lundi 27 novembre de l’homme chargé de les conduire. Un revers qui risque d’allonger le temps de mise en place d’une hypothétique coalition.

Désigné par Wilders pour mener les négociations, le sénateur Gom van Strien a abandonné cette fonction après avoir été accusé dans les médias néerlandais d’avoir commis des fraudes au sein de son ancienne entreprise. Ces circonstances ainsi que le temps nécessaire pour répondre aux accusations «ne sont pas compatibles» avec la mission confiée, a déclaré Gom van Strien. «J’ai donc informé Geert Wilders et la présidente du Parlement que je démissionnais de mon poste avec effet immédiat», a-t-il ajouté.

«Ce n’est pas le démarrage dont je rêvais»

Gom van Strien devait officiellement commencer sa mission ce lundi en rencontrant Geert Wilders. Mais le quotidien néerlandais NRC a dévoilé dimanche qu’un ancien employeur de Gom van Strien, Utrecht Holdings, avait déposé une plainte auprès de la police concernant une fraude qui aurait été commise par le sénateur et d’autres collègues. L’intéressé a dénoncé des allégations «infondées» et déclaré qu’il avait «respecté toutes les lois et réglementations».

«Ce n’est pas le démarrage dont je rêvais», a admis le dirigeant d’extrême droite qui s’est néanmoins montré optimiste, soulignant qu’il briguait toujours le poste de «Premier ministre de ce beau pays». «Je ne trouve pas très agréable de ne pas avoir été informé» préalablement des allégations de fraude à l’encontre de Gom van Strien, a tout de même déploré Geert Wilders, qui a également affirmé penser à un nouveau négociateur «avec plus de distance par rapport à la politique». Sa nomination pourrait intervenir dès mardi.

La présidente de la chambre basse, Vera Bergkamp, a de son côté confirmé que la situation était «ennuyante» et a exigé la nomination rapide d’un nouveau négociateur. Des médias néerlandais ont assuré que Ronald Plasterk, un ancien ministre de l’Education du Parti travailliste, avait été sélectionné en vue d’occuper ce poste.

Cette controverse constitue un revers pour Geert Wilders, dont le parti, à la surprise générale, a remporté le scrutin du 22 novembre dernier en obtenant 37 sièges sur les 150 que compte la chambre basse du Parlement. Le Parti pour la liberté (PVV) milite pour l’interdiction des mosquées, du Coran et du port du foulard par les musulmanes, ainsi que pour l’organisation d’un référendum sur la sortie de l’UE.

A l’issue du scrutin, Geert Wilders s’était dit en faveur d’une coalition avec le Nouveau contrat social (NSC, 20 sièges) du réformateur Pieter Omtzigt, le Mouvement agriculteur-citoyen (BBB, sept sièges) et la formation de centre droit Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD, 24 sièges). Mais la dirigeante du VVD, Dilan Yeşilgöz, a déjà exclu de siéger dans un gouvernement dirigé par Geert Wilders, tout en faisant savoir qu’elle était prête à «soutenir une coalition de centre droit». La position de Dilan Yeşilgöz, dont le parti a perdu 10 sièges à l’issue du scrutin, est cependant contestée au sein de sa formation.

Un gouvernement constitué l’année prochaine

Geert Wilders avait d’abord estimé que les tractations pour la formation d’une coalition pourraient être conclues dans «trois semaines» si tout le monde était prêt à des concessions. La démission surprise de Gom van Strien risque de remettre en cause ce calendrier. La plupart des analystes considèrent qu’un gouvernement ne pourra pas être constitué avant l’année prochaine. Il avait fallu 271 jours pour former celui de Mark Rutte, le Premier ministre sortant.