Le mouvement de protestation des agriculteurs prend de l’ampleur en Europe. Dans le sillage de leurs homologues français ou britanniques, déjà mobilisés depuis le début de la semaine, les agriculteurs polonais ont entamé ce samedi 23 novembre le blocage d’un important poste frontalier avec l’Ukraine, à Medyka, dans le sud-est du pays. Ils dénoncent la politique de leur gouvernement et le projet d’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays d’Amérique du Sud rassemblés au sein du Mercosur - un projet en négociations depuis vingt-cinq ans, que la Commission européenne espère voir aboutir prochainement.
Reportage
Au poste frontalier de Medyka, une trentaine de manifestants empêchent depuis ce samedi matin le trafic des camions entrant en Pologne. Dans l’autre sens, un camion par heure seulement est autorisé à quitter la Pologne vers l’Ukraine. Le blocage ne s’applique pas aux voitures, aux bus, ni aux transports humanitaires et militaires. La mobilisation pourrait se prolonger jusqu’à la fin de l’année 2024. «Pour l’instant nous ne voulons pas élargir notre protestation» au-delà, a déclaré Roman Kondrow, un des responsables du mouvement présents sur place, qui espère qu’un membre du gouvernement polonais viendra à la rencontre des manifestants au cours du week-end.
«Cet accord détruira l’agriculture européenne»
Les protestataires reprochent notamment au gouvernement de ne pas tenir ses promesses en matière d’impôts pour les agriculteurs. «En signe de solidarité avec les agriculteurs occidentaux nous nous opposons également à la signature de l’accord entre l’Union européenne et les pays du Mercosur», ajoute Roman Kondrow. Selon lui, «cet accord détruira l’agriculture européenne». «Ils ne respectent pas les mêmes normes que nous», dit-il en référence aux pays du Mercosur - une situation qui, affirme-t-il, vaut aussi pour les importations de produits agricoles ukrainiens.
Cette mobilisation intervient justement un an exactement après les premiers blocages de la frontière par des agriculteurs polonais protestant contre l’arrivée dans leur pays de denrées alimentaires ukrainiennes. Ces importations avaient été libéralisées en 2022 par Bruxelles, ce qui avait conduit à des perturbations sur le marché agricole et alimentaire en Pologne et dans d’autres pays de la région.