A cinq mois du renouvellement du Parlement européen, la colère des agriculteurs est une bénédiction pour les populistes et les extrêmes droites de l’Union. Partout où elle se manifeste, de l’Allemagne à la France en passant par l’Espagne ou la Pologne, ces partis extrémistes sont à l’œuvre pour l’attiser et la récupérer en espérant que cela se traduira par un bulletin de vote en leur faveur, comme le montre la campagne effrénée que mènent le Rassemblement national (RN) en France ou l’AfD en Allemagne. A Bruxelles, on s’inquiète de ce mouvement que ni les Etats, ni la Commission n’ont vu ou voulu voir venir et qui pourrait aboutir à rendre l’Union difficile à gouverner s’il confirme ou amplifie la probable percée de ces droites radicales. Ainsi, mardi, lors d’un Conseil des ministres de l’Agriculture, le socialiste espagnol Luis Planas a fermement condamné une «extrême droite [qui] tente d’utiliser les agriculteurs comme levier politique».
Le défi, pour les gouvernements et les institutions communautaires, est que ce mouvement agricole s’ajoute à une série de mécontentements qui se sont accumulés ces dernières années et que l’on retrouve dans presque tous les Etats européens : l’inflation et le pouvoir d’achat, le coût social de la lutte contre le changement climatique ou encore l’immigration, mais aussi celle d