«Sang contaminé.» En France, l’expression ravive des souvenirs lointains – ceux d’une grave crise sanitaire et institutionnelle qui a émergé au tournant des années 80, et d’une série de procès qui ont abouti à la condamnation d’un ministre de la Santé. Un dossier douloureux et marquant, mais clos dans la mémoire collective. Au Royaume-Uni, en revanche, le sujet est plus que jamais d’actualité : les victimes, qui n’ont jamais eu d’excuses ni de procès, ont pris connaissance lundi des résultats d’une enquête publique commandée par l’ancienne Première ministre Theresa May en 2017. Enquête qui pointe la responsabilité de l’Etat et du système de santé, accusés d’avoir dissimulé la vérité autour de ce vaste scandale. Celui-ci «aurait pu être largement évité», affirme dans son rapport l’ancien juge Brian Langstaff qui a présidé l’enquête.
L’attente, jusqu’à lundi, était fébrile. Les témoignages, plus dramatiques les uns que les autres, se sont multipliés au cours des dernières semaines. On estime qu’entre les années 1970 et 1991, au moins 30 000 Britanniques ont été infectés au VIH ou à l’hépatite C après avoir reçu des produits sanguins provenant des Etats-Unis, ou des transfusions britanniques non testées. Environ 3 000 d’entre eux ont succombé à l’une ou l’autre des maladies. «Lundi va être une journée difficile», admettait alors Denise Turton, qui s’est rendue à Londres depuis Bristol pour écouter en personne les annonces. Son premier né, Lee, a fait partie des mil