De l’art de se prendre les pieds dans le tapis. Vendredi 16 septembre, Vladimir Poutine accusait l’Union européenne de bloquer l’exportation d’engrais agricole russe vers les pays tiers qui en ont désespérément besoin : «Le comble du cynisme, c’est que même notre offre […] de transférer vers les pays qui en ont besoin et gratuitement, 300 000 tonnes d’engrais bloquées dans les ports européens en raison des sanctions, reste sans réponse.» Immédiatement, les démentis indignés des Européens ont fusé face à ce «récit russe» visant à faire croire que ce sont les sanctions européennes qui sont responsables de la crise alimentaire. Le problème est que le président russe n’a pour le coup pas menti : pendant plusieurs semaines, la Commission européenne a bel et bien édicté une interdiction de tout achat, transport et transit des engrais russes… Ce n’est que le 19 septembre qu’elle a levé en catastrophe et très discrètement cet embargo.
Reprenons le fil de cet embrouillamini dont l’Union ne sort pas grandi. Le septième paquet de sanctions adopté au mois de juillet prévoyait pourtant que les produits agricoles russes seraient exemptés de l’embargo européen. Le règlement communautaire du 21 juillet affirme l’engagement de l’Union «d’éviter toute mesure susceptible d’être source d’insécurité alimentaire parto