La Commission européenne, son ambiance tamisée, ses bureaux se succédant à l’infini le long de ternes couloirs, son ambiance studieuse, ses eurocrates de vingt-sept nationalités différentes affairés à pondre en anglais des normes sur les sujets les plus abscons, bref le «charme» de la bulle européenne. Lorsqu’on y pénètre, après avoir franchi une sécurité digne d’un aéroport, on se retrouve dans un cocon où les tempêtes qui sévissent à l’extérieur sont réduites à l’état de vague rumeur, un lieu où rien de grave ne peut vous arriver. Pourtant, le 11 septembre 2015, la violence a fait irruption dans ce monde aseptisé : une femme de 26 ans a été violée par son supérieur hiérarchique, un homme âgé de 48 ans, dans un bureau de la Commission à la suite d’un pot arrosé.
Grâce au courage de la victime, que Libération a pu rencontrer, ce crime impensable en ces lieux est sorti de l’ombre dans laquelle l’exécutif européen tente de maintenir les affaires qui ternissent son image. Mais l’auteur du viol s’en sort à très bon compte : la justice belge l’a condamné, le 12 septembre 2022, à quatre ans de prison avec sursis et il n’aura même pas passé une heure derrière les barreaux. Pire, durant les sept ans qu’aura duré la procédure, la Commission a continué à le payer autour de 18 000 euros mensuels (1), même si elle l’a suspendu, ce qui équivaut à de longs congés payés… Reste à savoir si elle va désormais le révoquer et le priver d’une partie de sa retraite.
Les faits – tels qu’ils o