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Pas papam

Fumée noire au Vatican : pas de nouveau pape à l’issue du premier vote

Pape Léon XIVdossier
Après s’être enfermés dans la chapelle Sixtine, les cardinaux ont commencé à voter pour élire le successeur de François. Mais les 89 voix requises n’ont pas été réunies : le cérémonial ultra-codifié suivi par 5 000 journalistes et 1,4 milliard de catholiques se poursuivra jeudi 8 mai.
Au-dessus de la chapelle Sixtine mercredi 7 mai à 21 heures. (DR)
publié le 7 mai 2025 à 14h19
(mis à jour le 7 mai 2025 à 21h04)

C’est la fiche de poste la plus ambitieuse jamais rédigée et on souhaite bon courage aux cardinaux pour trouver le pape qui coche toutes les cases. Et ça n’est pas pour tout de suite. Ce mercredi à 21 heures, une épaisse fumée noire s’est échappée de la chapelle Sixtine révélant que le résultat - pape ou pas pape - du premier vote des 133 cardinaux électeurs n’a, sans surprise, pas encore été tranché. Ce premier tour de scrutin a huit-clos a toutefois permis de jauger les forces en présence : il était très peu probable que la majorité des deux tiers, c’est-à-dire 89 voix, soit atteinte dès le premier jour. L’élection se poursuit ainsi jeudi 8 mai, avec deux tours prévus lors de la session du matin et deux autres l’après-midi.

A l’orée de ce paradoxe qu’est devenu le conclave - à la fois totalement secret mais commenté en mondiovision - le doyen du collège cardinalice, l’Italien Giovanni Battista Re, 91 ans, a appelé mercredi 7 mai à choisir le successeur de François «dont l’Église et l’humanité ont besoin en ce tournant si difficile, complexe et tourmenté de l’Histoire». Le futur souverain pontife devra aussi œuvrer pour «le maintien de l’unité de l’Église», a ajouté le cardinal lors d’une messe solennelle dans la basilique Saint-Pierre, à quelques heures du premier vote dans la chapelle Sixtine.

Histoire d’ajouter un peu plus de pression sur les épaules des électeurs, le cardinal Re a parlé dans son homélie d’un «choix d’une importance exceptionnelle» et prévenu ses ouailles : «toute considération personnelle doit être abandonnée» lorsqu’on met son bulletin dans l’urne (après l’avoir dûment brandi bien visible de tous en s’approchant de l’urne puis posé sur un plateau en argent comme le veut l’un des nombreux rites ancestraux qui codifient le conclave).

Compte à rebours

La messe de l’après-midi a marqué le dernier événement public avant le confinement des cardinaux pour qu’ils commencent à voter - il n’existe aucune durée minimale ou maximale pour un conclave - et encore moins les «considérations» ayant mené à son élection vu que tout ce qui se passe dans la Sixtine reste dans la Sixtine : si les cardinaux font fuiter quoi que ce soit, c’est l‘excommunication directe.

Après avoir déjeuné puis prié dans la chapelle Pauline, qui jouxte la Sixtine, ils sont ensuite entrés en procession dans la Sixtine. En chantant le Veni creator spiritus pour invoquer l’Esprit Saint, c’est-à-dire l’inspiration divine qui, dans la tradition catholique, est censée souffler le nom de l’élu aux cardinaux.

A l’heure où la moindre information peut faire le tour des réseaux sociaux en une minute, aucun téléphone portable n’a été autorisé a entrer dans la salle et les réseaux de télécommunication sont coupés entre les murs de la Cité du Vatican. La main posée sur la Bible, ils ont juré de ne rien révéler des échanges avant de s’enfermer face à la fresque majestueuse et intimidante du Jugement dernier de Michel-Ange.

Deux poêles

Dans une vidéo diffusée mardi par le Vatican, on mesure la solennité du cadre, familier de ceux qui ont vu le film Conclave, sorti en décembre, qui fourmille de détails très précis sur le cérémonial et les coulisses : le plafond de Michel-Ange, les tables recouvertes de lourd tissu, les places nominatives indiquées par un chevalet, les sous-main à rabats rouge frappé des armes du Saint-Siège ainsi que l’aiguille pour percer les bulletins «à l’endroit où se trouve le mot Eligo» («Je choisis» en latin), précise le site du Vatican. Et non pas un mais deux poêles chargés de brûler les bulletins à chaque tour de scrutin mais surtout d’informer les 1,4 milliard de catholiques et les 5 000 journalistes réunis à Rome pour l’occasion : fumée noire, pas de pape, fumée blanche, «habemus papam».

Les 133 cardinaux électeurs viennent de 70 pays - un record - ce qui promet un conclave particulièrement ouvert avec une représentation inédite des «périphéries» chères au pape François, qui a nommé 81 % de ces cardinaux. Quinze pays sont ainsi représentés pour la première fois, dont Haïti, le Cap-Vert et le Soudan du Sud. Pour apprendre à se connaître et confronter leurs points de vue sur les défis de l’Eglise, ils ont tenu ces derniers jours 12 «congrégations générales» permettant de dessiner le profil du prochain pape.

Mise à jour à 21 heures avec une fumée de la mauvaise couleur.