Il est un peu plus de 11 heures, à Kelvingrove Park, lorsque le cortège s’élance. Ce vendredi, des dizaines de milliers de jeunes ont manifesté à Glasgow (Ecosse), lieu où se tient la COP26 jusqu’au 12 novembre, pour réclamer des actions contre le changement climatique. Au premier rang, la jeune activiste Greta Thunberg, tête d’affiche et initiatrice des grèves pour le climat. Au milieu de la foule, le manifestant Nikita Mickevics, étudiant en sciences environnementales à Dundee, dans le nord-est de l’Ecosse, a l’air grave. La COP26 ? Le Letton de 21 ans n’y croit pas. Pour lui, seule la mobilisation citoyenne peut changer les choses. C’est pour cela qu’il retournera marcher samedi, avec les quelque 50 000 personnes attendues.
Pourquoi manifestez-vous ce vendredi ?
C’est évident. On a déjà dépassé nos limites [en termes de changement climatique]. Je ne peux pas rester à la maison alors qu’un tel désastre est en train d’arriver. Pour moi, on assiste à la plus grosse catastrophe que l’humanité ait connue, qui pourrait signifier la fin de notre monde, et personne ne le prend au sérieux. Nous ne pouvons pas imaginer que personne ne parle d’une pandémie par exemple. Comme je l’ai écrit sur ma pancarte : «L’inaction = la mort.»
Décryptage
Que pensez-vous des annonces faites durant la première semaine de la COP26, notamment sur la déforestation et les énergies fossiles ?
Arrêter la déforestation d’ici à 2030 ? Ça veut dire que, pendant dix ans, on peut encore déforester sans problème ? A ce moment-là, il n’y aura déjà plus d’arbres ! Je pense que tout engagement est bon à prendre, mais il faut vraiment penser plus grand et impliquer tous les habitants de cette planète. Là, c’est juste du greenwashing et je suis loin d’être satisfait. On en est déjà à la moitié de la COP et il n’y a toujours pas de raison d’espérer. Pour autant, je ne suis pas désespéré et je fais tout pour faire avancer les choses de mon côté, comme manifester.
Quel message adresseriez-vous aux dirigeants ?
Je ne leur reconnais pas beaucoup de pouvoir, car je ne pense pas qu’ils peuvent vraiment agir sur le problème. Si j’avais le choix, je voudrais m’adresser à un responsable d’un média, pour l’inciter à évoquer beaucoup plus, dix fois plus, le changement climatique, et moins parler des célébrités, de la mode ou de choses qui n’ont pas d’importance. Les médias devraient rendre les gens mal à l’aise de ne pas agir, parce que le changement climatique n’est pas une vérité agréable. Même si je crois qu’il ne faut pas blâmer le citoyen, mais plutôt le système qui cause les bouleversements environnementaux. Dernièrement, le gouvernement britannique [hôte de la COP26, ndlr] s’est vraiment mis dans l’embarras tout seul. Quelques jours avant le sommet, ils ont réduit les taxes sur les vols domestiques… Ça n’a pas de sens ! Il est clair qu’ils ne font rien pour changer les choses. Ce qu’ils font, en réalité, c’est tenter de diminuer la pression qui repose sur leurs épaules en donnant quelques miettes aux gens qui manifestent ce vendredi.
Etes-vous optimiste quant au résultat de la COP ?
Non, pas vraiment. Mais je suis optimiste lorsqu’il s’agit de croire en la mobilisation citoyenne. Nous avons le vrai pouvoir de changer les choses.