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Troisième Reich

Crimes nazis : l’Allemande Irmgard Furchner, l’une des probables dernières condamnées, meurt à 99 ans

L’ex-secrétaire de camp de concentration de Stutthof, où sont mortes environ 65 000 personnes, avait été condamnée fin décembre 2022 à deux ans de prison avec sursis. Elle avait pris la fuite au premier jour de son procès.
L'ex-secrétaire de camp de concentration Irmgard Furchner, le 20 décembre 2022 à son procès à Itzehoe, dans le nord de l'Allemagne. (Christian Charisius/AFP)
publié le 7 avril 2025 à 19h30

Elle est l’une des probables dernières condamnées pour crimes nazis en Allemagne. Irmgard Furchner, ex-secrétaire de camp de concentration, est morte à 99 ans, a annoncé ce lundi 7 avril le tribunal où elle avait été jugée. Accusée de complicité pour les meurtres de plus de 10 000 personnes au camp de Stutthof, dans l’actuelle Pologne, proche de Gdansk (Dantzig à l’époque), elle avait été condamnée fin décembre 2022 par le tribunal d’Itzehoe (nord) à deux ans de prison avec sursis, verdict confirmé en appel en août 2024.

Agée de 18 à 19 ans au moment des faits, entre 1943 et 1945, Irmgard Furchner était dactylographe et secrétaire de Paul Werner Hoppe, commandant du camp de Stutthof où sont mortes environ 65 000 personnes, pour la plupart juifs, partisans polonais et prisonniers de guerre soviétiques. Elle avait été jugée devant une Cour spéciale pour jeunes en raison de son âge au moment des faits. La peine de deux ans de prison avec sursis avait tenu compte «de la fonction hiérarchiquement subordonnée et de la capacité de résistance éventuellement réduite de l’accusée en raison de l’endoctrinement» de l’époque.

Une cavale éphémère et pas de reconnaissance de culpabilité

Sans avoir pris la parole durant son procès ni reconnu de culpabilité, Irmgard Furchner avait déclaré lors des dernières audiences «être désolée pour tout ce qui s’est passé» et «regretter d’avoir été à Stutthof à ce moment-là». Au premier jour de son procès, elle ne s’était pas présentée au tribunal, prenant seule la fuite de son logement dans un foyer pour personnes âgées. Elle avait été retrouvée quelques heures plus tard.

Plusieurs procès d’anciens employés de camps nazis ont eu lieu ces dernières années en Allemagne, depuis la condamnation en 2011 de l’ancien gardien du camp d’extermination de Sobibor, John Demjanjuk, qui avait fait jurisprudence. Compte tenu du grand âge des accusés, les procès n’ont pas toujours pu se tenir pour raisons de santé, ou les condamnés sont décédés avant d’être emprisonnés, comme Demjanjuk. En juin 2024, le tribunal de Hanau, près de Francfort, a refusé la comparution d’un ex-gardien du camp de Sachsenhausen, âgé de 99 ans, jugé incapable d’assister à son procès pour des raisons de santé.