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Drame

Crise bélarusse : émotion après l’annonce de la mort d’un bébé syrien à la frontière polonaise

Migrants, réfugiés... face à l'exodedossier
Secouru par une ONG polonaise jeudi, un couple de Syriens affirme avoir perdu son enfant il y a un mois dans la forêt entre le Bélarus et la Pologne. Un nouveau drame qui fait réagir jusqu’au président du Parlement européen.
Dans un camp de migrants installé à la frontière du Bélarus et de la Pologne, le 14 novembre. (Oksana Manchuk/AP)
par LIBERATION, avec AFP
publié le 19 novembre 2021 à 11h57

Ce serait jusqu’ici la plus jeune victime, et de loin, de la crise migratoire orchestrée par Alexandre Loukachenko. Le Centre polonais d’aide internationale a expliqué sur son Twitter être venu en aide à un couple de Syriens, dans la nuit de mercredi à jeudi, qui a dit errer dans une forêt à la frontière entre la Pologne et le Bélarus depuis au moins six semaines. Particulièrement affaiblis – tous deux étaient déshydratés et présentaient des blessures au couteau –, les migrants ont raconté à l’ONG avoir perdu leur bébé de 1 an dans la forêt un mois plus tôt, sans que l’on en sache plus sur les causes de la mort.

Affirmant suivre de près ces «nouvelles tragiques», le président du Parlement européen, David Sassoli, a déclaré sur Twitter qu’il trouvait «déchirant de voir un enfant mourir dans le froid aux portes de l’Europe», dénonçant «l’exploitation des migrants et des demandeurs d’asile». Selon le Guardian, ce décès porterait à treize le nombre de décès depuis le début de la crise migratoire, cet été.

Le quotidien britannique rappelle qu’en début de semaine avaient déjà eu lieu les funérailles d’un Syrien de 19 ans, mort noyé alors qu’il tentait d’échapper aux gardes-frontières bélarusses. Pour Anna Chmielewska, la coordinatrice du Centre polonais d’aide internationale interrogée par le journal, ces tragédies pourraient se répéter dans les semaines à venir : «Ce n’est qu’une question de temps avant qu’on ait de plus en plus de nouvelles tragiques comme celles-ci.»

Selon Minsk, 7 000 migrants se trouveraient actuellement au Bélarus, dont plus de 2 000 près de la frontière avec la Pologne. Pendant des jours, voire des semaines, ils ont erré dehors, par des températures qui descendent régulièrement sous 0 degré, bloqués entre les forces de sécurité polonaises – 15 000 soldats ont été déployés par Varsovie pour leur empêcher le passage – et bélarusses. Des échauffourées, parfois violentes, ont éclaté à plusieurs reprises avec les militaires polonais.

Jeudi, les gardes-frontières du Bélarus ont finalement annoncé avoir relogé les candidats à l’exil dans un centre logistique, où ils ont passé une première nuit au chaud. «Ils vont recevoir environ 8 tonnes de produits alimentaires», a assuré l’agence d’Etat bélarusse Belta sur son compte Telegram, publiant des photos des migrants dormant dans des sacs de couchage sur le sol d’un hangar. Des photos du camp de fortune à la frontière, semblant abandonné, ont été diffusées.

Ces migrants, en grande majorité originaires d’Afrique et du Proche-Orient, ont été attirés au Bélarus par les autorités de Minsk, accusées d’avoir organisé cette «route migratoire» en réponse aux sanctions économiques prises par l’Union européenne contre Alexandre Loukachenko et ses proches.

Premiers rapatriements

Jeudi, les grandes puissances du G7 ont une nouvelle fois «condamné l’orchestration par le régime bélarusse» de cette crise migratoire, sommant Minsk d’y mettre un terme «immédiatement» et d’autoriser l’accès à l’aide humanitaire. En attendant, sur le terrain, les tentatives de traversée de la frontière continuaient.

Le même jour, Minsk s’est dit prêt à rapatrier 5 000 migrants. Et l’Irak a organisé un premier vol de rapatriement. Plus de 430 Irakiens et Kurdes, dont un a raconté à Libé son histoire, ont fait le choix de rentrer chez eux à bord d’un avion affrété par la compagnie nationale Iraqi Airways, qui a fait étape à Erbil, au Kurdistan irakien, avant de rejoindre Bagdad.