Lorsque John F. Kennedy prend la parole à la télévision, lundi 22 octobre 1962, le monde apprend qu’il est au bord de l’apocalypse nucléaire. Le jeune président américain révèle que l’URSS a installé à Cuba, à moins de 200 km des côtes de la Floride, des missiles à tête nucléaire qui pourront atteindre en une poignée de secondes les principales villes américaines. Dix-sept ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale et l’occupation de la moitié de l’Europe par l’Armée rouge, un an après la construction du mur de Berlin, la «guerre froide» est en passe de virer à l’affrontement nucléaire. Kennedy somme le Kremlin de reculer : «Les années 30 nous ont enseigné une leçon claire : les menées agressives, si on leur permet de s’intensifier sans contrôle et sans contestation, mènent finalement à la guerre […] Nous ne risquerons pas prématurément ou sans nécessité le coût d’une guerre nucléaire mondiale dans laquelle même les fruits de la victoire n’auraient dans notre bouche qu’un goût de cendre, mais nous ne nous déroberons pas devant ce risque.»
Aucune ligne de communication
Aujourd’hui, l’opinion a oublié l’onde de terreur qui avait parcouru la planète, puisque l’apocalypse n’a pas eu lieu. Beaucoup estiment que les «joueurs» de cette crise étaient rationnels et que personne n’avait l’intention d’aller à la guerre. Une erreur de jugement : à l’époque, il n’existait aucune ligne