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Reportage

Crise du logement en Géorgie : «Je n’aurai pas d’autres choix que de quitter Tbilissi si ça continue»

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La capitale du pays fait face à une augmentation des loyers sans précédent, conséquence de l’arrivée massive de Russes en exil. Une situation critique qui exacerbe les tensions sociales et politiques.
Un parc de logements construit sous l'ère soviétique, à Tbilissi, en mars. (Laetitia Vancon/NYT-REDUX-REA)
par Blandine Lavignon, correspondante à Tbilissi (Géorgie)
publié le 27 décembre 2022 à 10h18

Ismi Aghayev remonte ses lunettes sur son nez en lisant l’avis d’expulsion qu’il a récemment reçu. «Vous devez quitter le logement d’ici dix jours», est-il écrit sur le papier, placardé sur la porte de l’appartement que l’homme de 32 ans loue à Tbilissi. Seule condition pour espérer rester : payer presque le double de son loyer actuel.

La capitale géorgienne fait face à une crise du logement de grande ampleur. Depuis le début de la guerre en Ukraine, à la faveur de l’exemption de visas, le pays connaît une arrivée massive de Russes. Ils seraient plus de 100 000 dans une ville qui compte plus d’un million d’habitants. Mais l’offre de logements ne suit pas face à la demande. En conséquence, les loyers ont bondi de 116% par rapport à 2021, selon une étude de la banque TBC. Il y a un an, il fallait débourser l’équivalent de 150 euros à 250 euros en moyenne pour se loger dans un deux ou trois-pièces. Désormais, difficile de trouver un appartement à moins de 700 euros. Une situation particulièrement critique pour les locaux, dans un pays où le salaire médian est d’environ 350 euros.

Il y avait déjà eu des arrivées de Russes peu après le début de la guerre et, dès mars, les prix des loyers avaient commencé à grimper. Mais c’est vraiment depuis l’annonce de la mobilisation en Russie, cet été, que le nombre d’entrées sur le territoire géorgien a bondi