«Trop souvent, il a trahi ma confiance. […] Il n’y pas de confiance suffisante pour la poursuite d’une coopération», a tranché ce mercredi 6 novembre au soir le chancelier allemand, lors d’une conférence de presse annoncée à la hâte à Berlin. Olaf Scholz a décidé de limoger dans la soirée son ministre libéral des Finances, Christian Lindner, a annoncé un peu plus tôt son porte-parole, ouvrant la porte à la fin de la coalition gouvernementale de la première économie européenne, minée par les dissensions.
Il a également annoncé qu’il poserait la question de confiance début janvier aux députés, ouvrant la voie à la possibilité de la fin de son mandat et à des élections législatives anticipées, qui pourraient alors avoir lieu «au plus tard à la fin du mois de mars», soit six mois avant la date initialement prévue.
Le chancelier social-démocrate a pris cette décision alors que Lindner, également président du parti libéral (FDP, droite), a proposé lors d’une réunion de crise dans la soirée, selon plusieurs médias, la convocation d’élections législatives anticipées début 2025 face aux blocages au sein du gouvernement sur la politique économique à mener.
Casse sociale
Cette rupture, actée à l’issue d’une journée de pourparlers organisés à la chancellerie, met fin aux efforts des derniers jours du chancelier allemand pour sauver la coalition gouvernementale tripartite composée de son parti social-démocrate (SPD), des écologistes et des libéraux, à couteaux tirés depuis des mois et tous très impopulaires dans l’opinion.
Fragile coalition
Le limogeage du ministre des Finances devrait logiquement provoquer le départ des libéraux du FDP du gouvernement, et donc à la fin de la coalition gouvernementale actuelle, qui ne disposera plus de majorité à la Chambre des députés. Olaf Scholz pourrait toutefois tenter de diriger un gouvernement minoritaire jusqu’à la date initialement prévue pour les prochaines législatives, soit le 28 septembre 2025.
Alors que le chancelier pensait que l’élection du républicain Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, qui pourrait se traduire par des mesures protectionnistes néfastes à l’économie allemande – en récession depuis deux années consécutives – très tournée vers les exportations, forcerait sa fragile coalition à serrer les rangs, c’est le contraire qui s’est produit.
Selon le quotidien allemand Bild, le ministre des Finances a argué lors de la réunion de crise que cette élection et l’impact à en attendre rendaient encore plus urgent un changement de cap économique en Allemagne, vers plus de libéralisme. Ce que refusent en bloc les sociaux-démocrates et les écologistes.
Mis à jour à 21 h 34 avec davantage de contexte ; ajout de la déclaration d’Olaf Scholz.