«Merci à tous pour votre soutien», s’est émue Ekaterina Barabash lors d’une conférence de presse ce lundi 5 mai au siège de Reporters sans frontières (RSF) à Paris. La journaliste russe, anti-Poutine, a été exfiltrée de son pays vers la France par l’ONG. Elle risquait d’être condamnée à dix ans de prison pour avoir dénoncé la guerre en Ukraine. La critique de cinéma de 63 ans a dû se résoudre à laisser sa mère de 96 ans pour quitter la Russie. Thibaut Bruttin, directeur général de RSF a fait part ce lundi de son «immense soulagement et d’un immense plaisir de l’avoir saine et sauve à Paris».
Ekaterina Barabash avait été arrêtée le 25 février à l’aéroport de Moscou, alors qu’elle revenait du festival international de cinéma de Berlin. La journaliste a été plusieurs fois victime des autorités. En partant en Allemagne pour le festival, elle avait déjà été retenue plusieurs heures au contrôle des frontières russes.
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Les autorités russes accusent Ekaterina Barabash de «diffusion de fausses informations» contre l’armée, via quatre publications sur ses réseaux sociaux, dont une condamnant l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
«Alors, bande de salauds, vous avez bombardé l’Ukraine, rasé des villes entières, tué une centaine d’enfants, abattu des gens pacifiques, maintenu Marioupol sous blocus, privé des millions de personnes d’une vie normale, forcées de partir à l’étranger ?» écrivait la journaliste, elle-même originaire de Kharkiv, en Ukraine.
«Agent de l’étranger»
Après son arrestation, le tribunal de Moscou a ordonné son assignation à résidence pendant deux mois. Le 4 avril, le ministère de la Justice russe a qualifié Ekaterina Barabash d’«agent de l’étranger». Selon RSF, ce «label» est «souvent utilisé pour museler les voix dissidentes» ainsi que pour «discréditer les journalistes, ONG ou simples citoyens jugés». Le 13 avril, la sexagénaire, normalement assignée à résidence, disparaît. Quelques jours plus tard, le 21 avril, elle est placée sur la liste des personnes recherchées par le service pénitentiaire fédéral russe. Avant de réapparaître en France deux semaines plus tard.
En octobre 2022, RSF avait déjà organisé l’évasion d’une autre journaliste russe : Marina Ovsiannikova. Elle encourait également dix ans de prison après avoir brandi une pancarte antiguerre à la télévision d’Etat.