Un calme étonnant et une fureur rentrée. Les milliers d’Ukrainiens bloqués dans la gare centrale de Kiev sont restés impavides durant la nuit de samedi à dimanche, annoncée et redoutée comme celle d’une nouvelle offensive majeure de l’armée russe. Aucune panique, aucun cri, aucun mouvement de foule. Juste des hommes, des femmes, jeunes ou vieux, seuls ou en famille, qui attendent dans la salle du premier étage aux piliers de marbre et aux plafonds bleu électrique plantés de gigantesques lustres rococo, ou dans les sous-sols gris où s’alignent les casiers des consignes.
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Beaucoup somnolent, allongés par terre, ou assis, la tête sur les genoux. Un couple enlacé dort profondément. Une vieille femme grimace en tentant d’étirer ses jambes. Un père veille un nourrisson de quelques semaines, la mère endormie à ses côtés. Le silence n’est perturbé que par des ronflements et des pleurs d’enfants. Et parfois par les sirènes antiaériennes qui se déclenchent dans les avenues et les rues désertées. Les autorités ukrainiennes ont décrété un couvre-feu de samedi 17 heures à lundi 8 heures. Personne, à l’intérieur de la gare, ne songe à l’enfreindre. Les forces ukrainiennes ont ordre de tirer sur quiconque sort dans les rues. Elles traquent des soldats russes habillés en civil qui se sont infiltrés ces derniers jours.
Combattre, «s’il le faut»
Il y a deux mondes qui se croisent dans la gare de Kiev : ceux qui attendent un train pour se mettre à l’abri dans une ville de l’ouest, vers la frontière slovaque ou polonaise,