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Reportage

Dans le Donbass: «Je serais tellement heureuse qu’on récupère Marioupol, ce sont des Russes comme nous»

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Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Dans le sud du Donbass ce vendredi, l’activité militaire était intense. Les forces russes espèrent prendre la ville portuaire de Marioupol à 30 km de là, qui représente un enjeu stratégique essentiel.
Des tanks russes en chemin vers Marioupol, vendredi. (Gabriele Micalizzi /Cesura pour Libération)
publié le 25 février 2022 à 22h10

Sur la route qui relie Donetsk à Novoazovsk, petite cité du bord de la mer d’Azov, dans le Sud-Est ukrainien aux mains des séparatistes prorusses, la solidarité des conducteurs empêche les catastrophes. Un homme débarque en trombe, appuyé sur son volant, et fait signe de faire demi-tour. «Le front est à une vingtaine de kilomètres, mais l’Ukraine a ressorti l’artillerie lourde, ils tirent loin et la route est pour le moment fermée», s’écrie-t-il, la fenêtre entrouverte. Au loin, des bruits sourds se font entendre, l’armée ukrainienne tire dans les terres. Des habitants craignent même que la cité puisse se retrouver isolée, les soldats ukrainiens semblent décidés à ne pas abandonner leurs positions.

L’objectif de la Russie est pourtant tout autre : Marioupol, à 30 kilomètres de là, de l’autre côté du front, est un enjeu essentiel pour l’armée de Poutine. Prendre le port de la ville, c’est se donner accès au reste de la côte, jusqu’à la Crimée. C’est aussi prendre le contrôle de gigantesques usines métallurgiques qui enveloppent la ville comme une chape de béton et de ferraille. Le coke est majoritairement produit en zone séparatiste, puis utilisé côté ukrainien.

Soudain, un enchaînement d’explosions se fait entendre dans les grandes plaines de terre noire de la région. Les «orgues de Staline», lance-missiles multiples, sont de retour sur le front, après avoir été interdits pendant plusieurs années dans le cadre des accords de Minsk.

Dans le village de Starobecheve, à 80 k