Au poste-frontière d’Avilo-Uspenka, dans le sud de la Russie, le soleil se lève. Des dizaines de chauffeurs demandent à entrer en «DNR», la république autoproclamée de Donetsk, qui échappe au contrôle de Kyiv depuis 2014. Ces camionneurs transportent des fenêtres, de longues canalisations, des façades entières d’immeubles en béton. Les camions sont estampillés «Compagnie de construction de l’armée russe» C’est cette société liée au ministère de la Défense russe qui est chargée d’effacer au plus vite les conséquences de la guerre dans les villes de l’est et du sud de l’Ukraine, conquises par l’armée russe.
Les militaires gèrent la reconstruction des villes détruites mais aussi la communication. Ils organisent depuis plusieurs mois des voyages de presse destinés à des blogueurs et journalistes triés sur le volet. Certains ont une audience limitée mais leurs publications favorables à la ligne du Kremlin ont été remarquées dans leurs pays respectifs. Une façon pour la Russie de s’adapter au blocage de ses médias d’influence en Europe. Après plusieurs semaines de tractations, Libération est parvenu à se faire inviter.
C’est d’abord à Donetsk, la capitale du Donbass, que les organisateurs ont souhaité s’arrêter. Denis Pouchiline, président de cette république autoproclamée, veut mettre en lumière un état de fait : jamais Donetsk n’a été autant touchée par les bombardements que durant ces dernières semaines. L’armée ukrainienne est encore aux portes de la ville. La situation e