Le Haut-Karabakh a été coupé du monde. Depuis les quarante-quatre jours de guerre de l’automne 2020, cette région montagneuse peuplée d’Arméniens mais revendiquée par l’Azerbaïdjan n’est plus reliée à l’Arménie que par le corridor de Latchin, large de 5 kilomètres. La route qui y serpente de la frontière à Stepanakert, la «capitale» de l’enclave, est bloquée depuis le 12 décembre par un groupe de militants. La circulation avec l’Arménie est à l’arrêt, ni hommes ni marchandises ne passent.
Officiellement, ces militants seraient des écologistes, venus protester contre des activités minières illégales. «Quand on connaît le contexte régional, cela paraît inconcevable. Il ne fait que peu de doute que ces militants sont liés au gouvernement azerbaïdjanais, estime Taline Ter Minassian, codirectrice de l’Observatoire des Etats post-soviétiques de l’Inalco. Les mines sont d’ailleurs l’un des enjeux qui pèsent sur les frontières de la région.»
Après avoir ramené des pigeons blancs pour prouver leurs intentions pacifiques et des pancartes aux messages écologistes («L’environnement n’a pas de frontières»), les militants ont adopté un ton bien plus nationaliste au deuxième jour de leur blocage.