Un an après le début de la guerre en Ukraine, «Libération» donne la parole et la plume aux habitants et aux réfugiés d’un pays meurtri, avec «le Libé des Ukrainiens». Retrouvez tous les articles de cette édition ici, et le journal en kiosques, lundi 20 février.
Le 6 mars 2022, Andriy fils et Andriy père roulaient à travers champs pour rejoindre leur exploitation agricole, non loin du village de Bilozerka, dans la région de Kherson. Tout à coup, un sniper surgit parmi les épis de blé à une vingtaine de mètres et vise la voiture. Andriy fils freine sec, les deux hommes lèvent les mains en l’air pour montrer qu’ils ne sont pas armés. Le sniper ouvre le feu. Andriy fils est blessé au bras droit. Comprenant qu’il faut sauver leur peau, il s’agrippe au volant, fait demi-tour, a le temps de remarquer un autre soldat sur sa gauche, muni d’une mitraillette, et roule à toute allure tandis que du sang coule dans son dos. Une autre balle lui a déchiré la nuque.
C’est ainsi qu’a commencé l’occupation de Kherson pour les Povod, propriétaires de la société agricole UKAN. Le père en est sorti indemne mais, pendant que le fils se faisait recoudre à l’hôpital de Bilozerka – puis poser des greffes de peau dans celui de Kherson –, l’armée russe, entrée dans la ville de 300 000 habitants du sud de l’Ukraine le 1er mars, s’est emparée de l’exploitation familiale. «Nous avions déjà suspendu les travaux dès l