Comme un cauchemar, récurrent. L’impression de replonger dans une dimension où la réalité était la même, si ce n’est dans une autre langue. Où un homme, seul, a décidé de jouer à pile ou face l’avenir de son pays, sur un coup de poker, pour, croyait-il, museler les voix d’extrême droite du pays. Péché d’aveuglement et d’arrogance. Face à une population polarisée et paumée.
23 janvier 2013. Le Premier ministre britannique David Cameron promet la tenue prochaine d’un référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne. C’est un coup de poker, lui qui, contre toute attente, n’a pas réussi aux élections de 2010 à remporter une majorité absolue et doit gouverner en coalition avec les libéraux-démocrates. Il promet un référendum avant 2017 si son parti conservateur remporte une majorité aux prochaines élections. Il lance un appel aux électeurs conservateurs eurosceptiques, lui qui avait endossé en 2010 une image de conservateur centriste, préoccupé par les enjeux environnementaux et sociaux – au prix d’une campagne ridicule appelant à «enlacer un jeune en sweat-shirt à capuche» («hug a hoodie»), ou d’un voyage au pôle Nord, où il posera enlaçant cette fois un chien husky.
A partir de 2013, le virage à droite est brutal. Nigel Farage, député européen, jamais élu nationalement (en raison notamment d’un système élector