Déjà qu’il n’y mettait plus beaucoup les pieds, voilà une décision qui ne va pas inciter le prince Harry à revenir plus souvent au Royaume-Uni. Le fils cadet du roi Charles III a perdu vendredi 2 mai son action en justice contre la décision du gouvernement britannique de rétrograder sa protection policière en territoire britannique. Le juge a déclaré avoir été sensible aux «arguments puissants et émouvants» du prince, qui n’était pas présent à l’audience. Mais il a estimé que les griefs du duc de Sussex ne constituaient pas «un argument juridique en faveur de la contestation» de la décision du gouvernement.
Après leur décision de quitter le pays en 2020, Harry et son épouse Meghan ont perdu la protection systématique prévue pour les membres actifs de la famille royale et payée par le contribuable britannique. Désormais, le ministère de l’Intérieur évalue au cas par cas le besoin de protection du prince lorsqu’il se rend au Royaume-Uni.
Craintes pour sa sécurité et celle de sa famille
Harry, qui vit désormais aux Etats-Unis et se rend rarement dans son pays natal, avait engagé une action en justice en 2021 pour contester cette décision. En 2024, il avait été débouté en première instance, la justice estimant que la décision des autorités était «légalement fondée». Il s’agit de la deuxième défaite en justice pour le prince en ce qui concerne la prise en charge de sa sécurité. Dans une autre procédure conclue en mai 2023, il s’était vu refuser le droit de bénéficier d’une protection policière en la payant avec ses fonds personnels.
Le sujet est sensible pour le frère du prince William, qui tient la presse et les paparazzis pour responsables de l’accident de voiture qui a tué sa mère, la princesse Diana, à Paris en 1997. «La vie et la sécurité» du prince «sont en jeu», avait alors plaidé son avocate Shaheed Fatima. Sa défense a aussi fait valoir que le prince a été pris dans une «dangereuse course-poursuite» avec des paparazzis à New York en mai 2023, et a notamment reçu des menaces d’Al-Qaeda.
L’avocat du ministère de l’Intérieur, James Eadie, avait lui défendu l’approche «sur mesure» adoptée par les autorités britanniques, qui correspond mieux au changement de statut du prince au sein de la famille royale. Lors de l’examen de son recours en première instance, Harry avait affirmé que ses craintes pour sa sécurité et celle de sa famille – dont ses deux enfants Archie (5 ans) et Lilibet (3 ans) – l’empêchaient de venir plus régulièrement dans le pays.
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Le prince est en froid avec le reste de la famille royale, contre laquelle il a multiplié les attaques ces dernières années. Sa dernière entrevue connue avec son père remonte à plus d’un an, peu après l’annonce du cancer de Charles III. Le prince Harry s’est aussi engagé dans une croisade judiciaire contre les tabloïds au Royaume-Uni, avec plus ou moins de réussite. Il a également fait la une des médias récemment, après avoir démissionné de sa fonction de parrain d’une association œuvrant en Afrique et qu’il avait créée à la mémoire de sa mère, en raison d’un conflit avec sa présidente.
Celle-ci l’a accusé de «harcèlement et d’intimidation», et le régulateur britannique des associations a ouvert une enquête. Dénonçant les «mensonges» de la présidente, Harry a dit espérer que l’enquête révèle «la vérité sur ce qui nous a collectivement contraints à démissionner», avec le cofondateur de l’ONG, le prince Seeiso du Lesotho.
Ce vendredi soir, sur la BBC, le prince Harry a dit souhaiter une réconciliation avec sa famille et regretter de ne pouvoir revenir au Royaume-Uni avec sa femme et ses deux enfants : «Certains membres de ma famille ne me pardonneront jamais d’avoir écrit un livre [le Suppléant, ndlr]... mais j’aimerais beaucoup me réconcilier avec eux», a déclaré le duc de Sussex à la BBC, ajoutant ne pas pouvoir «imaginer un monde dans lequel je ramènerais ma femme et mes enfants au Royaume-Uni» sans protection policière.
Mise à jour à 18 h 47 avec l’interview donnée par Harry à la BBC.