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Analyse

Gardien du détroit des Dardanelles, Erdogan tente de défendre l’Ukraine sans froisser la Russie

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Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
La Turquie a reconnu dimanche « l’état de guerre » en Ukraine, ce qui l’autorise à bloquer le transit des navires de guerre. Un choix périlleux pour Ankara, économiquement dépendant de la Russie.
Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan, en mars 2020 à Moscou. (Pavel Golovkin/Reuters)
par Anne-Sophie Faivre Le Cadre, correspondante à Istanbul
publié le 27 février 2022 à 17h35
(mis à jour le 27 février 2022 à 18h56)

Samedi, le président ukrainien avait fait monter d’un cran la pression diplomatique pesant sur la Turquie en publiant, sur son compte Twitter, des remerciements anticipés adressés au président Erdogan. «L’interdiction du passage des navires de guerre russes vers la mer Noire et un important soutien militaire et humanitaire aux Ukrainiens sont extrêmement importants aujourd’hui. Le peuple de l’Ukraine ne l’oubliera jamais», écrivait, en anglais, Volodymyr Zelensky. Le message a suscité malaise et embarras à Ankara, car rien n’indiquait, alors, qu’une telle décision avait été prise du côté turc. «Ce message doit être compris comme une prière, mais n’est pas représentatif de la situation à l’heure qu’il est», tentait de désamorcer un officiel turc auprès de Libération.

Vingt-quatre heures plus tard, Ankara a finalement tranché. La Turquie a reconnu dimanche «l’état de guerre» entre la Russie et l’Ukraine ce qui l’autorise, en vertu de la Convention de Montreux, à limiter l’accès des deux belligérants au détroit des Dardanelles, qui ouvre vers la Mer Noire. «La situation en Ukraine a tourné à la guerre. La Turquie va mettre en œuvre, dans la transparence, toutes les dispositions de la Convention de Montreux», a explicitement indiqué le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Casuvoglu, dans un entretien à la chaîne CNN-Turquie.

Nations «ennemies»

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