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Portugal

Déraillement du funiculaire de Lisbonne : 16 morts, rupture d’un câble… Ce que l’on sait de l’accident

Les investigations se poursuivent ce jeudi 4 septembre pour tenter de comprendre pourquoi un wagon de l’emblématique funiculaire de Gloria a violemment percuté un immeuble mercredi soir. Le drame a fait 16 morts et 21 blessés, dont une Française.

Cordon de sécurité sur le site du funiculaire Gloria au lendemain d'un accident, le 4 septembre 2025. (Patricia de Melo Moreira/AFP)
Publié le 04/09/2025 à 7h43, mis à jour le 04/09/2025 à 18h58

Le Portugal observe ce jeudi 4 septembre une journée de deuil national, au lendemain du déraillement mortel d’un funiculaire de Lisbonne. C’est «une tragédie qui ne s’était jamais produite dans notre ville», a réagi le maire de Lisbonne, Carlos Moedas. Les enquêteurs cherchent encore à déterminer les causes du drame.

Les faits

Mercredi peu après 18 heures, le wagon du célèbre funiculaire de Gloria reliait la place du Rossio aux quartiers du Bairro Alto et du Principe Real, dans un des quartiers ultratouristiques de la capitale portugaise. Mais alors qu’il circulait dans le sens descendant, il a subitement accéléré.

Une témoin de l’accident a déclaré à la chaîne SIC avoir vu le funiculaire descendre «à toute vitesse» sur la pente abrupte où il circule quotidiennement, avant de heurter un immeuble : «Il a percuté un bâtiment avec une force brutale et s’est effondré comme une boîte en carton, il n’avait aucun frein», a raconté cette femme.

Des images sur les réseaux sociaux montrent le funiculaire totalement disloqué apparaître, contre un mur et dans un nuage de fumée, après n’avoir apparemment pas pris le virage en bas de la rue qu’il empruntait.

Un important rassemblement de pompiers, police et services d’urgences médicales a été déployé toute la soirée au milieu de la rue très pentue où se trouvait le wagon, tombé sur le flanc et très endommagé.

D’après le site des Monuments nationaux, le funiculaire de Gloria a été construit par l’ingénieur franco-portugais Raoul Mesnier du Ponsard, et inauguré en 1885. Il a été électrifié à partir de 1915. L’ascenseur, d’une capacité d’une quarantaine de passagers (dont la moitié debout), est un moyen de transport très apprécié des nombreux touristes qui visitent la capitale portugaise.

Les victimes

L’accident a fait au moins 16 morts et 21 blessés, selon le Premier ministre. Les précédents bilans avait fait état ce jeudi de 15, puis de 17 morts. Cinq Portugais, deux Coréens et un Suisse font partie des morts déjà identifiés, a annoncé le parquet dans l’après-midi. D’après une source policière, on compte parmi le reste des nationalités identifiées deux Canadiens, un Américain, un Allemand et un Ukrainien «probablement».

Parmi les blessés, se trouve une ressortissante française, a fait savoir le ministère des Affaires étrangères ce jeudi, sans qu’on ne sache encore son état de santé exact.

Selon la responsable de la protection civile municipale de la capitale portugaise, Margarida Castro, au moins 10 autres étrangers figurent aussi parmi les blessés, dont deux Allemands, deux Espagnols, un Italien, un Suisse, un Canadien, un Coréen, un Marocain et un Cap-verdien.

La question de l’entretien

Si on ignore encore les causes du drame, les soupçons se sont vite portés sur un possible matériel défectueux dans le wagon. La société qui gère les transports de la capitale portugaise, la Carris, a immédiatement réagi en assurant que «tous les protocoles d’entretien» avaient été effectués, «notamment la maintenance générale, réalisée tous les quatre ans et effectuée en 2022, la maintenance intermédiaire, réalisée tous les deux ans, la dernière ayant été réalisée en 2024».

«Je peux garantir que la sécurité est une priorité absolue de la Carris depuis 152 ans et que nous serons intraitables dans la recherche des causes et des responsabilités de cet accident», a promis lors d’une conférence de presse Pedro de Brito Boga, le patron de Carris, gestionnaire des transports de la capitale portugaise. Selon le quotidien portugais Público, c’est la rupture d’un câble de sécurité qui a provoqué le déraillement de la cabine jaune – une hypothèse que le patron de Carris n’a pas confirmée en fin d’après-midi, laissant le soin à l’enquête en cours de le déterminer. Aucune piste n’est «exclue», a de son côté indiqué la police portugaise.

Sur les lieux du drame, Pedro Bogas, a reconnu que l’entretien de ces véhicules était assuré par un prestataire externe depuis quatorze ans sans fournir davantage d’explications. «Des programmes de maintenance mensuelle, hebdomadaire et d’inspection quotidienne ont été scrupuleusement respectés», a toutefois assuré la société, précisant avoir ouvert une enquête conjointement avec les autorités pour déterminer les causes du drame.

L’Autorité de mobilité et de transport portugaise a de son côté annoncé qu’elle contrôlera dans les prochains jours le bon fonctionnement des machines, tandis que la justice a annoncé l’ouverture d’une enquête.

La mairie lisboète a par ailleurs décidé de suspendre le fonctionnement des trois autres funiculaires de la ville, a annoncé ce jeudi une responsable des secours municipaux, «pour vérification de leurs conditions de fonctionnement et de leur sécurité». Aucune date de remise en circulation n’a encore été annoncée.

Les précédents

En 140 ans d’existence, c’est la deuxième fois que le funiculaire de Gloria déraille. Un wagon avait quitté les rails le 7 mai 2018. Mais il ne s’était heureusement pas renversé, se contentant de finir sa course sur les pavés et aucun blessé n’avait été déploré. D’après les investigations qu’avait menées ensuite le média portugais Publico, l’incident avait eu pour origine un «grave défaut d’entretien». Des essieux en «mauvais état» s’étaient ajoutés à des roues dont l’usure était «visible à l’œil nu», rapporte le journal.

L’entretien avait ensuite nécessité une interruption de service d’un mois. Auprès de Publico, l’entreprise Carris avait avancé «une anomalie technique» pour justifier le déraillement, et promis que «les conditions de sécurité et de fonctionnement seraient parfaites pour les deux années à venir».

En France, le funiculaire de Montmartre, à Paris, avait connu un incident le 7 décembre 2006. Lors de tests menés par la RATP sur le système de freinage, l’une des deux cabines s’était détachée et s’était écrasée, heureusement à vide.

En revanche, la catastrophe du funiculaire de Kaprun, dans les Alpes autrichiennes, avait causé la mort de 155 personnes le 11 novembre 2000. A la suite d’une défaillance mécanique, un incendie s’était déclaré dans le tunnel emprunté par le funiculaire piégeant les passagers.

Mise à jour à 18 h 50 avec la nationalité des victimes et l’hypothèse de la rupture d’un câble de sécurité.