«On voyait des gens qui entraient et ressortaient avec des grosses valises mais pas les travailleurs. Eux, ils restaient à l’intérieur. C’était bizarre pour une usine.» Sur la via dei Giovi, à Baranzate, commune populaire près de Milan, dans son garage qui fait face au bâtiment sur trois étages, aux boîtes aux lettres sans noms et aux grilles noires gardées par deux molosses, Carlo n’a pas été surpris de la descente, fin mai, des carabiniers. «On se doutait qu’il s’agissait d’un atelier de confection clandestin avec des ouvriers pour la plupart chinois comme le gérant de l’établissement, admet le mécanicien trentenaire. On voyait seulement quelques-uns d’entre eux sortir de temps en temps pour aller chercher des herbes dans le champ qui se trouve au bout de la rue. Pour le reste, ils vivaient reclus jour et nuit.»
Pour le substitut du procureur de Milan, Paolo Storari, à l’origine de l’enquête, l’activité de l’atelier, sous-traitant de la marque de luxe Loro Piana, propriété du groupe français LVMH, était en grande partie illégale avec une main-d’œuvre «au noir et clandestine, vivant dans des conditions de travail insalubres et dangereuses