Des groupes armés qui sillonnent les rues à la recherche de personnes d’origine étrangère. L’histoire rappelle l’affaire Crépol, en France, quand l’extrême droite avait organisé une descente après la mort du jeune Thomas. Des chasses aux migrants ont lieu dans une ville du sud de l’Espagne, Torre Pacheco, dans la nuit de samedi au dimanche 13 juillet. Elles ont fait au moins cinq blessés dans cette commune de 40 000 habitants.
Tout commence mercredi, quand un habitant de 68 ans, a raconté, le visage tuméfié, son agression sans motif apparent par trois jeunes supposément d’origine nord-africaine. L’enquête de police sur cette affaire est en cours et personne n’a encore été arrêté. La vidéo de l’agression ayant été mise en ligne sur les réseaux sociaux, la mairie a organisé un rassemblement de soutien à la victime, vendredi après-midi.
«Déportez-les maintenant»
La manifestation, qui se voulait pacifique, a dégénéré en raison de la présence de groupuscules d’extrême droite qui ont diffusé des slogans anti-immigrés, selon les autorités. L’un de ces groupes, baptisé «Deport them now» («Déportez-les maintenant»), a notamment appelé sur Telegram à une «chasse» aux personnes d’origine nord-africaine. «Si les autres Maghrébins de la commune ne collaborent pas à l’identification des coupables, ils deviendront automatiquement coupables et devront payer», a-t-il écrit.
Les autorités locales semblent débordées. D’après le quotidien local La Opinión de Murcia, le dispositif policier déployé n’a pas empêché d’autres mobilisations violentes durant la nuit de vendredi à samedi et de samedi à dimanche. Des affrontements ont eu lieu avec les forces de l’ordre. Au moins une personne a été interpellée, selon la préfecture. Sur les réseaux sociaux, on voit des foules entourer et frapper des hommes ou des voitures que les policiers tentent de protéger.
Analyse
Un tiers de la population de Torre-Pacheco, ville située sur la côte méditerranéenne face au Maghreb, est d’origine étrangère selon les statistiques locales. La zone entourant la ville, dans la région de Murcie, accueille également un grand nombre de migrants qui travaillent comme journaliers dans l’agriculture, l’un des piliers de l’économie régionale.
Dans un message sur le réseau social Bluesky, la ministre de la Jeunesse Sira Rego, membre du parti d’extrême gauche Sumar, a condamné «fermement les persécutions racistes contre les personnes migrantes à Torre Pacheco», mettant en cause le rôle de «l’ultradroite» dans ces émeutes.
«Pas impunie»
Le président conservateur de la région de Murcie, Fernando Lopez Miras a aussi appelé au calme. «Torre Pacheco doit retrouver la normalité […] Je comprends la frustration, mais rien ne justifie la violence», a-t-il écrit dans un message sur le réseau social X, en assurant que l’agression subie par ce retraité ne resterait «pas impunie».
«J’appelle les habitants au calme, à la tranquillité», a insisté à la télévision publique RTVE le maire de la ville, Pedro Angel Roca Ternel, membre lui aussi du Parti populaire (PP, conservateur), en appelant à ne pas confondre les «délinquants» avec l’ensemble de la population immigrée, venue «pour travailler».