Aux cris de «Vive l’Ukraine !» et «Poutine, Orbán, fichez le camp !», plusieurs milliers de Budapestois ont protesté mardi soir contre l’invasion de l’Ukraine mais aussi contre l’allégeance de leur Premier ministre à Moscou. A l’appel de l’opposition, ils se sont rassemblés devant un majestueux édifice austro-hongrois au bord du Danube, siège de la mystérieuse Banque Internationale d’investissement (BII), dont la Russie est actionnaire majoritaire. Cette ancienne banque du bloc soviétique, qui finançait les échanges entre pays frères, a déménagé à Budapest en 2019, à l’invitation de Viktor Orbán. La Hongrie, deuxième actionnaire, a offert les locaux, l’immunité diplomatique et des visas Schengen à tout le personnel, soupçonné de s’adonner à d’autres passe-temps que les bilans comptables. Car le directeur de la BII, Nikolay Kosov, héritier d’une dynastie d’espions, serait un agent selon les services de renseignement occidentaux. «Cette banque est un nid d’espions, Orbán sert les intérêts de Poutine !» s’est indigné Péter Marki-Zay, candidat du front uni de l’opposition aux législatives du 3 avril.
La BII, qui a financé un oligarque hongrois proche d’Orbán, illustre le tropisme pro-russe de l’homme fort de Budapest, qui, tout en maintenant son pays dans l’Union européenne,