Deux personnes sont mortes ce lundi soir à Bruxelles, rapporte la RTBF. Des coups de feu ont été entendus près de la place Sainctelette, dans le nord de la capitale, affirme la police. Le Premier ministre belge dénonce un «attentat» ayant ciblé des Suédois. «Je viens de présenter mes sincères condoléances au Premier ministre suédois, suite à l’attaque poignante de ce soir contre des citoyens suédois à Bruxelles. Nos pensées vont aux familles et aux amis qui ont perdu des êtres chers. En tant que partenaires proches, la lutte contre le terrorisme est une lutte commune», a-t-il écrit sur X (ex-Twitter).
Selon les premiers éléments connus, les coups de feu auraient été tirés vers 19 h 15. «Sur des images prises par un riverain, on peut apercevoir un homme avec une veste orange fluo et un casque blanc, une arme de guerre à la main, monter sur un scooter et prendre la fuite. Il aurait auparavant tiré sur quelqu’un dans un hall d’entrée avant de faire feu sur deux personnes dans un taxi», écrit la RTBF. Le parquet de Bruxelles confirme que le ou les éventuels auteurs sont encore recherchés.
La police belge privilégie la piste terroriste, selon le quotidien le Soir. Plusieurs vidéos du suspect, postées sur les réseaux sociaux par lui-même, font référence à l’Etat islamique et au «calife de l’islam». «Dans un dialecte d’Afrique du Nord cet homme affirme être le tireur de Bruxelles et d’avoir tué 3 personnes pour venger les musulmans et qu’il appartient à l’EI», affirme Wassim Nasr, journaliste à France24.
Selon le porte-parole du parquet fédéral Eric Van Duyse, l’attaque a visé trois personnes. Deux Suédois sont morts et un troisième, un chauffeur de taxi, est désormais hors de danger. A ce stade, «aucun élément n’indique un lien potentiel avec la situation israélo-palestinienne».
Le ministre de l’Intérieur français Gérald Darmanin annonce le renforcement des contrôles à la frontière avec la Belgique. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, elle, dénonce «l’abject attentat» qui a fait deux morts. Le président français Emmanuel Macron estime que l’Europe est «bousculée» en évoquant l’«attaque terroriste islamiste» qui a frappé Bruxelles. «Il y a quelques minutes c’est Bruxelles qui fut frappée à nouveau par une attaque terroriste islamiste qui apparemment, au moment où je vous parle, a ôté la vie à au moins deux autres Européens, deux Suédois. Notre Europe est bousculée», a dit le chef de l’Etat français lors d’une visite à Tirana.
La nationalité suédoise des victimes interroge. Il y a quelques mois, des destructions ostentatoires du Coran en Suède ont suscité une crise diplomatique avec plusieurs Etats musulmans, entraînant un contrôle poussé aux frontières du royaume. Selon une information du Figaro, l’organisation terroriste Al-Qaeda dans la péninsule arabique (AQPA) a appelé à frapper la Suède et la France dans le dernier numéro de son magazine de propagande Sada al-Malahim.
Cette attaque a aussi lieu quelques jours après l’assassinat vendredi 13 octobre de Dominique Bernard, professeur de lettres tué aux abords de son lycée à Arras, en France, par un jeune radicalisé islamiste. Le contexte international est également une piste, avec l’attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre et les ripostes de l’Etat hébreux contre la bande de Gaza. Depuis, l’assaillant avait publié sur Facebook quelques messages condamnant le soutien des pays occidentaux mais aussi des pays arabes voisins d’Israël, qu’il qualifiait de «prostituées».
Profil
Selon le média l’Echo belge, une des personnes tuées portait un maillot de l’équipe suédoise de football. Un match Belgique-Suède, comptant pour la qualification à l’Euro-2024, se tenait au stade du Roi Baudouin à Bruxelles ce lundi soir. Le match, qui en était à la mi-temps (1-1), a été interrompu. Selon un journaliste de So Foot, «l’atmosphère est pesante.» La Fédération suédoise de football a également indiqué sur X que la police belge avait demandé aux supporteurs «de rester à l’intérieur du stade pour des raisons de sécurité».
Le peuple belge scande « TOUS ENSEMBLE, TOUS ENSEMBLE » 🇧🇪❤️
— Footballogue (@Footballogue) October 16, 2023
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Le niveau d’alerte de l’Organe de coordination pour l’analyse de la menace (Ocam) passe à 4, son maximum, synonyme de menace sérieuse et imminente dans le pays. Le parquet fédéral, compétent pour les dossiers terroristes, se voit confier le dossier.
La Belgique a déjà été la cible de plusieurs attentats revendiqués par le groupe Etat islamique. Le 22 mars 2016, Bruxelles a été frappée par une double attaque-suicide à l’aéroport de Zaventem et dans le métro en plein quartier européen. Il y avait eu 35 morts, d’après le bilan réévalué. La Belgique a aussi été depuis 2016 le théâtre de plusieurs agressions contre des militaires ou des policiers. En novembre 2022, un homme armé d’un couteau avait attaqué une patrouille de deux policiers dans le quartier de la Gare du Nord à Bruxelles, causant la mort de l’un d’eux et blessant grièvement l’autre.