Il est allongé sous la lumière crue d’une large baie vitrée. Le squelette repose sur une table d’autopsie métallique de la morgue de Tuzla (centre-est de la Bosnie-Herzégovine). Le crâne, les omoplates, les bras, des dents, une partie des vertèbres, des côtes, des jambes et le bassin ont été déterrés le 13 mai dans le village de Sikiric, dans la municipalité de Bratunac, une commune de la Republika Srpska (RS), l’une des deux entités qui composent le pays. Avant d’être lavés, séchés et minutieusement assemblés. Dans le fémur gauche, Dragana Vucetic a procédé à une entaille de deux centimètres pour prélever un morceau d’os en vue d’une analyse ADN.
Anthropologue légiste pour la Commission internationale pour les personnes disparues (ICMP en anglais) à Tuzla, elle attend les résultats pour compléter l’identification de la personne exhumée. «Nous avons beaucoup de restes pour ce corps, plutôt bien conservés, c’est une chance», indique l’experte, qui travaille depuis 2004 dans ce laboratoire qui s’est spécialisé sur la région de Srebrenica, où plus de 8 000 personnes, en grande majorité des hommes et des garçons, ont été tuées par les forces serbes de Bosnie de