Mardi la justice russe a décidé de la dissolution de l’association de défense des droits humains Memorial, fondée par des dissidents initialement pour faire la lumière sur les purges staliniennes, puis sur les répressions dans la Russie de Vladimir Poutine. Pour Nicolas Werth, président de la branche française de l’ONG, ancien directeur de recherche au CNRS et l’un des plus grands spécialistes du régime soviétique, le travail de mémoire de Memorial, engagé il y a trente ans, «a été fait, est archivé et ne peut plus disparaître».
Etes-vous surpris par la décision de la justice russe ?
Non, on n’est pas surpris du tout. Lundi nous avait donné un avant-goût de ce qui nous attendait avec le énième alourdissement de la peine à l’encontre de Iouri Dmitriev [historien du goulag, collaborateur de Memorial en Carélie, ndlr], désormais condamné à quinze ans de réclusion. Nous savions déjà qu’il s’agissait d’une offensive tous azimuts, de grande ampleur du pouvoir poutinien. Il s’agit d’une