Ils ont l’art du symbole, les défenseurs des droits de l’homme de l’ONG Memorial. Vendredi, peu de temps après avoir appris qu’ils faisaient partie des trois lauréats du prix Nobel de la paix 2022, c’est devant un tribunal de Moscou qu’ils ont donné rendez-vous aux journalistes. Hasard d’un calendrier judiciaire bien chargé pour les voix dissonantes de Russie, les derniers membres de Memorial y défendaient leur droit à conserver leurs locaux. Quelques heures plus tard, c’est un opposant russe, Ilia Iachine, enfermé depuis août pour ses propos antiguerre, qui devait passer devant le juge.
Depuis janvier et la dissolution de l’organisation par la justice russe, le bâtiment de la rue Karetny Riad, dans le centre de Moscou, est fermé au public, volets baissés et étagères à archives vidées. Fini les grandes conférences et expositions sur le Goulag, fini aussi les soirées mouvementées troublées par des ultranationalistes voulant museler l’ONG. Depuis la dissolution des deux antennes russes, l’une chargée de documenter la douloureuse histoire des répressions à l’époque soviétique, et la seconde de défendre les