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Polémique

Donald Trump met la pression sur l’Ukraine en évoquant la possibilité qu’elle devienne «russe un jour»

Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Lundi 10 février, presque trois ans après le début de l’offensive de Moscou, le président des Etats-Unis a suggéré que l’Ukraine pourrait devenir russe et a réclamé que l’aide américaine versée à Kyiv soit récupérée.
Le président Donald Trump a répété sur Fox News lundi 10 février que l'Ukraine "pourrait" ou "ne pourrait pas" être "russe un jour". (Susan Walsh/AP)
publié le 11 février 2025 à 9h55

Les conjectures autour des pourparlers de paix en Ukraine ont été relancées par le retour au pouvoir de Donald Trump, qui s’est engagé à mettre fin rapidement au «carnage», alors que le conflit dure depuis presque trois ans. Lundi 10 février, le chef d’Etat américain semblé vouloir les accélérer, en tout cas peser dessus, en déclarant sur Fox News que les Ukrainiens «pourraient arriver à un accord, ils pourraient ne pas arriver à un accord. Ils pourraient être russes un jour comme ils pourraient ne pas être russes un jour».

Une formulation qui souffle le chaud et le froid, que Moscou n’a évidemment pas manqué d’interpréter à son avantage. «Le fait qu’une partie significative de l’Ukraine veuille devenir russe et soit déjà devenue russe est une réalité», a déclaré le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov, ce mardi, en référence aux annexions de quatre régions ukrainiennes, estimant que «cela correspondait largement aux propos du président Trump».

Volodymyr Zelensky a longtemps rejeté l’idée de négociations, affirmant vouloir battre la Russie sur le champ de bataille. Mais l’Ukraine est à la peine face à l’armée du Kremlin, qui avance dans l’est de son territoire. Le pays craint aussi de voir tarir l’aide américaine. C’est pourquoi le président ukrainien a appelé lundi à «une vraie paix et des garanties de sécurité efficaces».

Trump vise les terres rares ukrainiennes

Le président américain a aussi répété sur Fox News vouloir obtenir un accès aux terres rares ukrainiennes, expliquant que les Etats-Unis devaient «sécuriser» l’argent versé faute de certitude de l’issue du conflit. «Je veux récupérer» cet argent, a-t-il affirmé, ajoutant avoir réclamé à Kyiv l’équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares. Des métaux notamment utilisés dans l’électronique. Le président ukrainien avait assuré la semaine d’avant que son pays était prêt à recevoir des «investissements d’entreprises américaines» dans ses terres rares, soulignant toutefois qu’une «partie des ressources minérales se trouve en zone occupée». La Russie contrôle environ 20 % du territoire ukrainien.

Dans cette situation, les contacts entre Washington et Kyiv doivent s’intensifier dans les jours à venir. Volodymyr Zelensky a assuré lundi 10 février que l’organisation d’une rencontre avec Donald Trump était en cours, mais que la date n’avait pas encore été fixée. De son côté, le président américain a confirmé une visite de son émissaire spécial, Keith Kellogg, le 20 février. Dès le 14 février, le président ukrainien rencontrera le vice-président des Etats-Unis, J.D. Vance, lors de la conférence sur la sécurité de Munich. Ces prises de contacts interviennent alors que la Russie progresse dans la région de Donetsk, dans l’est de l’Ukraine. Elle s’est emparée de plusieurs localités au cours de l’année écoulée.

Le président russe Vladimir Poutine a affirmé à plusieurs reprises être prêt à négocier, à condition que l’Ukraine se plie à ses revendications : céder quatre régions du sud et de l’est du pays, en plus de la Crimée annexée en 2014, et renoncer à rejoindre l’Otan. Des conditions inacceptables pour Kyiv. Volodymyr Zelensky a déclaré début février être prêt à des négociations directes avec Vladimir Poutine «si c’est la seule configuration dans laquelle nous pouvons apporter la paix aux citoyens de l’Ukraine et ne plus perdre des gens.»

Mis à jour à 10h50 avec la réaction de Moscou.