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Droit d’asile : dix ans après le «Wir schaffen das» de Merkel, l’Allemagne est en train de perdre un peu de son humanité

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Le 31 août 2015, l’ancienne chancelière appelait à ouvrir les bras à plus d’un million de réfugiés, avec sa formule devenue proverbiale «On va réussir». Depuis, la «culture de l’accueil» allemande a été abîmée par l’essor de l’extrême droite et de ses idées.

Un demandeur d'asile prend un selfie avec Angela Merkel, le 10 septembre 2015 à Berlin. (Bernd Von Jutrczenka /AFP)
ParChristophe Bourdoiseau
correspondant à Berlin
Publié le 29/08/2025 à 15h14

Dix ans plus tard, l’Allemagne a-t-elle réussi à surmonter ce défi lancé par Angela Merkel ? «Nous avons réussi beaucoup de choses», a-t-elle répondu cette semaine dans une interview à la télévision publique en justifiant sa décision de laisser les frontières ouvertes. «Qu’aurait-on pu faire d’autre ? Qu’on les repousse avec des canons à eau ? Ce n’était pas une solution pour moi», dit-elle.

Aucun pays de l’Union européenne n’a accueilli autant de réfugiés. Dans une Europe égoïste, l’Allemagne s’est montrée exemplaire grâce à une société civile volontaire, sans laquelle cette crise n’aurait pas été maîtrisée. Il n’y a pas eu de «jungle de Calais» en Allemagne. Aucun réfugié n’est mort de froid dans la rue. Ils ont mangé à leur faim. Ils ont réussi à trouver un toit et, pour la plupart, un travail.

Selon l’Institut de recherche sur le marché du travail, près de trois quarts des hommes arrivés en 2015 et 2016 ont un emploi, un niveau à peine inférieur à la moyenne nationale. Ils ont aussi été une réponse à la pénurie de main-d’œuvre. Sans les réfugiés, les hôpitaux allemands ne pourraient pas fonctionner correctement.

Mais les Allemands sont fatigu