Il n’avait pas encore réagi publiquement, mais sans grand surprise, Emmanuel Macron est tout aussi critique que son gouvernement sur l’accord avec les Etats-Unis qui prévoit des droits de douane à 15 % pour tous les pays de l’Union européenne. «Pour être libres, il faut être craints. Nous n’avons pas été assez craints», a asséné le chef de l’Etat en Conseil des ministres ce mercredi 30 juillet, selon des propos rapportés par des participants.
«La France a toujours tenu une position de fermeté et d’exigence. Elle continuera de le faire, a encore assuré le Président. Ce n’est pas la fin de l’histoire et nous n’en resterons pas là.» Selon lui, l’UE peut obtenir de «nouvelles exemptions» durant les discussions qui auront lieu pour «formaliser» l’accord dans les détails. Il appelle à «œuvrer sans relâche au rééquilibrage de nos échanges, notamment dans les services».
Interview
Pour ne pas tomber à bras raccourcis sur Ursula von der Leyen, Emmanuel Macron a quand même nuancé sa critique, dans un sens semblable à ses principaux homologues européens. «L’accord a le mérite d’offrir de la visibilité et de la prévisibilité à court terme». Il a aussi reconnu les «conditions difficiles» dans lesquelles les négociations ont été menées. «Nous aurions préféré tous, gouvernement et président de la République, que cet accord ait lieu dans les conditions habituelles des négociations, c’est-à-dire dans un cadre officiel et pas dans un golf privé en Ecosse», a relevé Sophie Primas, porte-parole du gouvernement, lors du compte rendu du Conseil des ministres.
Emmanuel Macron a tout de même salué le fait que l’UE ait «veillé» à ce qu’il n’y ait «aucune concession pour nos filières agricoles et aucune remise en cause de notre autonomie réglementaire, de nos normes sanitaires et environnementales». Selon lui, le deal, même s’il équivaut à un triplement des taxes douanières, «préserve les intérêts français et européens» sur des «filières exportatrices majeures» comme l’aéronautique. La casse devrait en effet être relativement limitée pour la France, moins dépendante aux exportations américaines que ses voisins européens.