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Libération
Guerre commerciale

Droits de douane, plainte à l’OMC… face à l’offensive américaine, l’UE étale ses armes

Dans un communiqué publié jeudi 8 mai, Bruxelles a précisé les mesures qu’elle se réserve le droit de prendre en cas d’échec des négociations commerciales avec Washington.
Ursula von der Leyen, le 7 mai au Parlement européen. (Antonin Utz/AP)
publié le 8 mai 2025 à 15h21

Quand le Royaume-Uni et les Etats-Unis se rabibochent, Bruxelles prend ses distances. Dans un nouvel épisode de la guerre commerciale menée par Washington contre le reste du monde, l’Union européenne a menacé jeudi 8 mai de taxer pour 95 milliards d’euros d’importations américaines en cas d’échec des négociations pour mettre fin aux droits de douane de Donald Trump sur les produits européens.

Cette annonce européenne intervient au moment où le président américain a fait état d’un accord «total et complet» avec le Royaume-Uni, premier du genre depuis le lancement de sa guerre commerciale, après des semaines de négociations avec Londres. La portée de cet accord américano-britannique reste cependant floue à ce stade.

L’OMC appelée en arbitre

L’exécutif européen a de son côté annoncé avoir lancé «une consultation publique» sur une longue liste de produits fabriqués aux Etats-Unis qui seraient potentiellement touchés par des droits de douane européens. Dans le viseur bruxellois en cas de maintien des surtaxes américaines : les avions et les voitures, les équipements électriques, batteries, appareils électroménagers, ainsi que des produits agricoles (fruits, légumes) ou agroalimentaires comme les spiritueux, dont les vins et le bourbon.

Mais les annonces ne s’arrêtent pas là : Bruxelles a annoncé saisir l’Organisation mondiale du commerce contre les mesures américaines, première étape d’une procédure de règlement des différends, que l’UE qualifie de «violation flagrante des règles de l’OMC» et entend «réaffirmer l’importance du respect des règles internationales».

Ces offensives mises à part, Ursula von der Leyen a rappelé la volonté européenne de trouver des solutions négociées avec les Etats-Unis : «Nous pensons qu’il est possible de conclure de bons accords au bénéfice des consommateurs et des entreprises des deux côtés de l’Atlantique. Dans le même temps, nous continuons à nous préparer à toutes les éventualités.»

Pour Bruxelles, une riposte en dernier recours

Au cours des derniers mois, l’Union européenne a été frappée à trois reprises par des droits de douane de l’administration américaine : 25 % sur l’acier et l’aluminium, mi-mars, 25 % sur les automobiles, puis 20 % sur tous les autres produits européens, en avril. Si cette dernière surtaxe a été suspendue jusqu’en juillet, des droits de douane de 10 % restent appliqués sur les produits européens exportés aux Etats-Unis.

A la recherche d’une désescalade, l’UE n’en a pas moins montré les muscles en annonçant des droits de douane jusqu’à 25 % sur une première liste d’importations américaines, parmi lesquelles des marques emblématiques comme les motos Harley-Davidson, le soja ou encore des appareils ménagers. Des surtaxes pas encore entrées en vigueur, Bruxelles ne souhaitant s’en servir qu’en cas d’échec des discussions. «Depuis le début, nous avons agi avec clarté, cohérence et un engagement ferme en faveur de la désescalade. Mais nous n’accepterons pas un résultat à n’importe quel prix», a prévenu le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic. Outre ces produits, ce sont les services qui pourraient être taxés, à l’instar des géants américains de la tech, qui pourraient se voir refuser l’accès aux marchés publics européens.