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Scrutin

Election présidentielle en Slovaquie : Peter Pellegrini, allié des populistes, remporte la victoire

Partenaire politique de longue date du Premier ministre Robert Fico, l’économiste de formation de 48 ans a obtenu 53,20 % des voix samedi 6 avril au soir.
Peter Pellegrini, au centre, victorieux de la présidentielle en Slovaquie, et le Premier ministre populiste Robert Fico (à droite), ce dimanche 7 avril à Bratislava. (Denes Erdos/AP)
publié le 7 avril 2024 à 8h28

Les analystes s’attendaient à un résultat plus serré. L’allié du gouvernement populiste Peter Pellegrini a pourtant remporté haut la main la présidentielle en Slovaquie samedi 6 avril, devançant largement lors du second tour le diplomate proeuropéen Ivan Korcok, selon des résultats quasi définitifs. L’économiste de formation de 48 ans a obtenu 53,20 % des voix contre 46,80 % pour Korcok, selon les chiffres publiés par l’Office slovaque des statistiques portant sur 99,8 % des suffrages (la participation au second tour s’est élevée à 61,12 %).

«C’est une grande satisfaction, a déclaré Peter Pellegrini dans un discours devant ses sympathisants. Je veux être un président qui défendra les intérêts nationaux de la Slovaquie.» Et d’assurer vouloir tout faire «pour que la Slovaquie reste du côté de la paix et non du côté de la guerre».

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a en effet été un des éléments clés de la campagne électorale dans ce pays de 5,4 millions d’habitants, notamment depuis que le Premier ministre populiste, Robert Fico, allié de longue date de Peter Pellegrini, a remis en cause la souveraineté de Kyiv et appelé à la paix avec Moscou.

Pellegrini a été ministre dans les précédents gouvernements Fico. Il l’a même remplacé au poste du Premier ministre après la chute de son gouvernement en 2018, à la suite du meurtre du journaliste d’investigation Jan Kuciak et de sa fiancée, abattus à leur domicile. Le double meurtre avait déclenché une vague de protestations à travers le pays qui avait contraint Fico à démissionner. Dans son dernier article, publié à titre posthume, Kuciak avait révélé des liens entre la mafia italienne et le gouvernement Fico.

Pouvoirs limités

En place depuis octobre, l’actuel gouvernement composé du parti Smer-SD de Fico, du parti Hlas-SD de Pellegrini et du petit parti d’extrême droite SNS a également interrompu l’aide militaire à l’Ukraine voisine. «Si Pellegrini gagne, la Slovaquie pourrait suivre la “voie Orbán”», a estimé l’analyste Tomas Koziaka, faisant référence au Premier ministre hongrois, favorable au Kremlin.

Le proeuropéen Ivan Korcok a reconnu sa défaite et félicité son adversaire, tout en déplorant «une campagne non transparente» de son adversaire. «Il s’avère qu’il est possible de devenir président de la République slovaque en propageant la haine», a-t-il taclé, reprochant à Peter Pellegrini et son camp de l’avoir présenté comme un «candidat de guerre», favorable à l’engagement de la Slovaquie dans le conflit en Ukraine.

Peter Pellegrini deviendra officiellement président slovaque le 15 juin, il remplacera la présidente libérale Zuzana Caputova. Bien que ses pouvoirs soient limités, le président ratifie les traités internationaux, nomme les principaux juges et est le commandant en chef des forces armées. Il peut également mettre son veto aux lois adoptées par le Parlement.