On est loin des nineties, quand le guitariste d’Oasis déboulait sur scène pour recevoir son Brit Award et lâchait au micro que Tony Blair, alors jeune et fringant chef de l’opposition, faisait partie des rares personnes dans la salle à «offrir aux jeunes un peu d’espoir». L’année suivante, en 1997, Blair était élu à la plus large majorité enregistrée depuis 1935, et le Labour, rebaptisé New Labour pour l’occasion, partait pour treize années de gouvernance ininterrompue.
Cette fois, le Royaume-Uni qui rebascule vers la gauche n’est plus dans l’ère Cool Britannia, mais plutôt dans celle du «coule Britannia», et l’espoir est teinté d’amertume. Le pays a connu sa troisième récession en seize ans, les prévisions de croissance sont minces et les services publics sont en crise. Le pays n’est plus ce modèle qui fait envie : il est devenu la risée de l’Europe, dont il a claqué la porte au terme d’un référendum non contraignant et de longues années de pénibles négociations. L’heure est désormais au sérieux et à la diligence, et Keir Starmer, l’actuel chef du L