Le social-démocrate Olaf Scholz semble être en pole position pour enfiler le tailleur d’Angela Merkel. A l’issue des élections législatives allemandes, le SPD emmené par le ministre des Finances et vice-chancelier sortant recueille entre 24,9 % et 25,8 % des voix, contre 24,2 % à 24,7 % d’Armin Laschet et l’Union chrétienne-démocrate (CDU) d’Angela Merkel et son allié bavarois CSU. Les Verts d’Annalena Baerbock s’adjugent la troisième position avec 14,7 % et 14,8 % des suffrages, devant le Parti libéral FDP à 11,2 % et 11,8 % mené par Christian Lindner. L’extrême droite de l’AfD réaliserait le score de 10 % et la gauche radicale de Die Linke 5 %.
Ces premiers sondages ont été accueillis par une explosion de joie au siège du SPD à Berlin. «Il est clair que le SPD» l’a emporté, s’est félicité le secrétaire général du parti, Lars Klingbeil, en revendiquant la formation du futur gouvernement. «Nous avons le mandat pour former un gouvernement. [La tête de liste] Olaf Scholz va devenir chancelier», a-t-il estimé ce dimanche en début de soirée. Mais du côté de la CDU, si le secrétaire général a admis «des pertes sont amères», Armin Laschet déclare également vouloir «faire tout notre possible pour former un gouvernement».
Tractations
Dans tous les cas, si ces résultats provisoires représenteraient une très bonne performance pour le SPD, de longues tractations semblent maintenant s’annoncer pour dégager une majorité et nommer un gouvernement via un jeu d’alliances. Ces négociations peuvent prendre des mois en Allemagne, avec le risque d’entraîner une paralysie européenne jusqu’au premier trimestre 2022.
Ainsi, Angela Merkel, qui sort de son quatrième mandat, pourrait encore rester en poste pendant plusieurs mois. Ces négociations à venir illustrent l’indécision des 60,4 millions d’électeurs allemands appelés aux urnes. Environ 40 % disaient encore hésiter sur leur bulletin à quelques jours du scrutin. Avant le vote, la coalition la plus probable, selon les sondages, était celle réunissant le SPD, les Verts et le FDP. Mais encore faut-il qu’ils s’entendent.
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Les capitales européennes redoutent le retour au pouvoir des libéraux du FDP. Leur leader, Christian Lindner, réclamera sans doute le poste stratégique des Finances. Or, ce parti devenu «euroréticent», pour ne pas dire eurosceptique, est partisan d’une stricte orthodoxie budgétaire, allergique à toute mutualisation des dettes et hostile à tout «protectionnisme européen».
Une chose est sûre, quand elle pourra enfin rendre son tablier, Angela Merkel va… se reposer. «Honnêtement, je vais d’abord essayer de lire un peu. Quand je serai fatiguée, mes yeux deviendront lourds, à cause du sommeil. Je dormirai alors un peu… et puis après on verra bien», affirme la femme qui a incarné l’Allemagne pendant seize ans.
Mise à jour : 19 h 13, avec les réactions de la CDU et du SPD.