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Scrutin

Elections législatives en Norvège : victoire du bloc de gauche malgré une percée de l’extrême droite

Selon les premières projections, la gauche emmenée par le Premier ministre travailliste Jonas Gahr Støre a remporté les élections législatives, lundi, toutefois marquées par une poussée de la droite populiste anti-immigration.

Des isoloirs dans un bureau de vote de la ville norvégienne de Slattum, ce lundi 8 septembre 2025. (Gorm Kallestad/AP)
Publié aujourd'hui à 17h18, mis à jour le 08/09/2025 à 21h44

Après la percée de l’extrême droite en Suède et en Finlande ces dernières années, la Norvège était à son tour menacée par le retour du conservatisme, avec un parti populiste en embuscade. Mais la gauche, emmenée par le Premier ministre travailliste Jonas Gahr Støre et pour laquelle les sondages accordaient une courte avance, a remporté ce lundi 8 septembre des élections législatives disputées, selon des projections des chaînes de télévision basées notamment sur les nombreux votes anticipés.

Le bloc de gauche, qui rassemble cinq formations, est ainsi crédité d’une majorité, étriquée, de 87 à 88 sièges sur les 169 que compte le Storting, le Parlement monocaméral norvégien, contre 81 ou 82 pour l’opposition de droite, selon des estimations distinctes de TV2 et NRK.

Un paysage politique fragmenté

Ces élections ont été particulièrement serrées. Un record de 1,9 million de Norvégiens, soit plus de 47 % du corps électoral, avaient déjà voté par anticipation, dimanche 7 septembre. Face à eux, un paysage politique fragmenté – un peu comme le nôtre – et 169 sièges de députés à renouveler dans leur «Storting», c’est-à-dire leur Parlement. L’issue du scrutin dépendait de la capacité des neuf principaux partis à se hisser au-delà de 4 % des votes, seuil qui assure une représentation dans leur hémicycle. Selon une moyenne des sondages de septembre, les travaillistes et leurs alliés pourraient remporter 88 mandats.

Dans cette nation prospère de 5,6 millions d’habitants, la campagne a tourné autour de questions intérieures comme le coût de la vie, les inégalités, les services publics et la fiscalité, notamment l’impôt sur la fortune. «Ce qui a vraiment préoccupé les gens, c’est leur situation quotidienne, leur économie personnelle, vous savez, comment faire face à la hausse des prix», a estimé l’actuel Premier ministre Jonas Gahr Støre aux médias après avoir voté, avec son épouse, dans un lycée de la capitale Oslo.

Le dirigeant de 65 ans, fort de son expérience de Premier ministre depuis 2021 et de ministre des Affaires étrangères avant cela, a bénéficié du besoin de stabilité de la population face à l’élection de Donald Trump, aux droits de douane et à la guerre en Ukraine, analyse le politologue Johannes Bergh. Membre de l’Otan mais pas de l’Union européenne, la Norvège partage une frontière commune avec la Russie dans l’Arctique, et son économie est très dépendante des exportations.

Jonas Gahr Støre a aussi bénéficié de l’implosion en début d’année de l’épineuse coalition qui le liait au parti du Centre, formation eurosceptique axée sur les intérêts ruraux. L’arrivée au gouvernement de l’ex-chef de l’Otan, le populaire Jens Stoltenberg, devenu ministre des Finances, a également profité à redorer son mandat.

«Nous avons besoin d’une nouvelle politique en Norvège», a au contraire affirmé une de ses principales rivales, l’ex-Première ministre conservatrice Erna Solberg (au pouvoir de 2013 à 2021), en votant dans sa ville natale de Bergen.

La droite divisée

Mathématiquement, en restant à son poste, Jonas Gahr Støre aura vraisemblablement besoin de l’appui de l’ensemble des quatre autres forces de gauche, y compris le parti du Centre, les écologistes et les communistes. Or, les points de discorde foisonnent : les travaillistes sont notamment favorables à la poursuite des activités pétrolières qui ont fait la fortune du royaume, tandis que les écologistes s’y opposent. Ces deux formations sont en revanche d’accord pour entretenir des liens étroits avec l’UE, laquelle fait figure d’épouvantail pour le parti du Centre et l’extrême gauche. Cette dernière réclame, elle, que le fonds souverain du pays, le plus gros au monde, se retire totalement d’Israël, ce que les travaillistes rejettent.

En face, la droite était tout aussi divisée : le parti conservateur de Erna Solberg était largement distancé dans les sondages par le parti du Progrès (FrP) de Sylvi Listhaug. Cette formation populiste anti-immigration, devenue première force d’opposition, peut faire valoir de meilleures intentions de vote, mais est également plus clivante, notamment pour les électeurs modérés. Pour s’assurer leur soutien, Sylvi Listhaug, 47 ans, fille d’agriculteurs qui a repris les rênes du parti en 2021, ne cesse de prendre ses distances avec les Démocrates de Suède, parti d’extrême droite du pays voisin.

Mise à jour à 21 h 44 avec les résultats des élections