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Elections législatives : le Frexit caché du RN

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Elections législatives 2024dossier
Si Marine Le Pen et Jordan Bardella ne prônent plus directement la sortie de l’Union européenne, la mise en œuvre de leur programme y aboutirait inéluctablement.
Pendant une manifestation d'agriculteurs, à Paris en février. (Laure Boyer/Hans Lucas)
par Jean Quatremer, Correspondant européen
publié le 24 juin 2024 à 6h46

Danger : un scrutin peut en cacher un autre ! Lors des législatives des 30 juin et 7 juillet, les citoyens de l’Hexagone choisiront non seulement une majorité et un gouvernement, mais ils se prononceront aussi, sans forcément en avoir conscience, sur l’appartenance de la France à l’Union européenne. En effet, même si Marine Le Pen et Jordan Bardella ne prônent plus officiellement la sortie de l’Union et le retour au franc – souvent RN varie, bien fol qui s’y fie –, la mise en œuvre de leur programme aboutira inéluctablement à un Frexit de facto.

Comme il sait que les Français, même s’ils sont de plus en plus eurosceptiques, ne voteraient sans doute pas en faveur d’une sortie de l’Union, le RN se garde bien de proposer un référendum à la britannique comme il voulait le faire il y a encore quelques années. Mais sa volonté de violer l’ordre juridique communautaire revient au même : l’Union étant une communauté de droit qui repose sur l’engagement volontaire des Etats membres à respecter les normes adoptées en commun, c’est tout l’édifice européen qui s’effondrera. Si un pays ne respecte plus la règle du jeu, personne ne peut l’en empêcher, l’Union ne disposant ni de police ni d’armée pour faire respecter ses décisions.

Bombe à fragmentation

Ainsi, le RN veut «affirmer la supériorité de la Constitution française sur les normes et juridictions européennes». Passons sur le fait que cela passerait par une réforme constitutionnelle, ce qui s’annonce compliqué, pour s’arrêter sur ce que cela signifie