L’arrondissement de Neukölln à Berlin, c’est un peu comme la Seine-Saint-Denis et Paris. A chaque fois qu’on parle d’intégration, on s’en prend aux jeunes de ces quartiers. «Qu’est-ce que tu veux que je dise sur Neukölln quand ce sont les autres qui parlent toujours à notre place ?» lâche Achilles, un Libanais né il y a dix-sept ans à Berlin, toujours en attente d’une naturalisation. Assis en face d’un éducateur de rue au centre d’accueil Outreach de Neukölln, l’adolescent dénonce la récupération politique après les agressions de policiers – dont certains, en partie issus de l’immigration –, d’ambulanciers et de pompiers le jour de l’an. «Il y a un seul bus qui a brûlé et on en fait toute une histoire !» s’énerve-t-il.
«C’est la colère qui a explosé. Mais c’est comme ça chaque année, insiste Assar, 16 ans, un Allemand d’origine palestinienne. On nous met tous dans le même sac alors qu’on n’a rien à voir avec ces agresseurs.» «Il n’y a aucune raison de tirer sur des policiers. Ils sont là pour nous aider», ajoute Achilles. «Les jeunes ont compris qu’on les instrumentalise», lâche Gerri Wahl, l’éducateur de rue.