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Libération
Guerre en Ukraine

Elon Musk et le Kremlin démentent l’utilisation de Starlink par les forces russes

Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Le réseau satellite d’Elon Musk, mis à disposition de l’armée ukrainienne depuis 2022, serait, d’après Kyiv, aussi utilisé par les forces russes pour avoir Internet depuis les territoires occupés. Des accusations que le milliardaire et Moscou réfutent.
Un soldat ukrainien installe un terminal Starlink pour mener une opération de surveillance avec un drone, à Izioum, dans l'est du pays, en septembre 2022. (Rafael Yaghobzadeh)
publié le 12 février 2024 à 15h18

Elon Musk jouerait-il sur tous les fronts ? Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine en février 2022, la société du milliardaire américain, SpaceX, fournit gratuitement à l’armée ukrainienne un réseau wifi satellitaire appelé Starlink, essentiel pour les communications militaires du pays. Pourtant, d’après le renseignement ukrainien, le réseau Starlink serait aussi utilisé par les troupes russes. C’est ce qu’a affirmé samedi 10 février Andriï Ioussov, porte-parole de la direction principale du renseignement militaire ukrainien au journal RBC-Ukraine : «Oui, des cas d’utilisation de ces dispositifs par les occupants russes ont été enregistrés. Cela commence à prendre un caractère systémique.»

Selon l’agence de presse Unian, des interceptions radio ont permis d’établir que des unités russes stationnées près de Bakhmout, dans l’est de l’Ukraine, ont «commencé à utiliser massivement Starlink sur le front».

Des accusations démenties

Ce lundi 12 février, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a démenti devant la presse, affirmant que Starlink était «un système non certifié dans notre pays, qui ne peut donc pas être fourni officiellement ici et qui n’est pas fourni officiellement». «Par conséquent, il ne peut être utilisé d’aucune manière», a-t-il conclu.

Elon Musk a lui aussi réfuté toute livraison à Moscou de son système. «C’est totalement faux. A notre connaissance, aucun terminal Starlink n’a été vendu directement ou indirectement à la Russie», a-t-il déclaré dimanche sur X (ex-Twitter), réseau social qu’il détient.

Pourtant, l’Ukrainien Andreii Ioussov a réitéré lundi ses accusations, expliquant que «par le biais de pays tiers, Starlink est librement disponible en Russie. Par rapport à l’année dernière, l’utilisation de Starlink par l’armée russe sur la ligne de front est devenue plus systématique et bien réglementée». Selon des journalistes ukrainiens, même si le réseau est bloqué en Russie, les troupes russes se trouvant en Ukraine peuvent potentiellement y avoir accès.

Dépendance de Tesla à la Chine

Starlink dispose d’un réseau de plus de 2 000 petits satellites en orbite basse au-dessus de la Terre, qui permettent de fournir un accès internet. Des terminaux terrestres sont alors reliés à des routeurs qui permettent de générer du wifi. Depuis le début de la guerre, la société d’Elon Musk a livré près de 25 000 terminaux à l’Ukraine, qui permettent d’assurer ainsi une connexion à Internet sur le front.

Depuis plusieurs mois, les relations entre le milliardaire et Kyiv sont tourmentées. Alors que l’armée ukrainienne l’avait remercié d’avoir déployé ses satellites, elle s’est plus tard indignée quand il a proposé que le pays cède des territoires pour obtenir la paix.

Le milliardaire a aussi affirmé avoir empêché une attaque ukrainienne contre une base de la marine russe en 2022, en refusant une demande de Kyiv d’activer l’accès à Internet via Starlink en mer Noire, près de la Crimée annexée par Moscou. Musk avait alors justifié cette manœuvre par un post sur X : «Si j’avais accepté leur demande, alors SpaceX serait explicitement complice d’un acte de guerre majeur et d’une escalade du conflit.»

Selon une enquête du New Yorker publiée en août, l‘attitude d’Elon Musk s’expliquerait en raison de sa dépendance à la Chine, soutien de la Russie. Le pays est un immense marché pour Tesla, la marque automobile de Musk, dont la moitié des véhicules sont assemblés à Shanghai.