Est-ce une révolte, une révolution ou un coup d’Etat ? Ce mercredi, le sort du Kazakhstan a peut-être basculé en quelques mots. Ceux du président Kassym Jomart-Tokaïev, affirmant lors d’une allocution télévisée son intention de rester en poste dans la capitale, Noursoultan, alors que de nombreuses rumeurs le déclaraient parti ou sur le départ. C’est, dit-il, son «devoir constitutionnel» en tant que président, mais aussi en tant que «chef du conseil de sécurité, ce que je deviens aujourd’hui».
La phrase a fait sursauter tous les connaisseurs de la politique kazakhe. Le poste de «chef du conseil de sécurité» est en principe déjà occupé, et pas par n’importe qui : c’est celui de Noursoultan Nazarbaïev, le «Elbasy», le «père de la nation», l’inamovible autocrate qui, à 81 ans, domine le pays depuis 1984, avant même son indépendance, en 1990. Celui qui continue de faire l’objet d’un culte de la personnalité officiel, dont les statues sont présentes dans toutes les grandes villes et en l’honneur duquel est nommée la capitale kazakhe. Et qui, en 2019, avait volontairement renoncé à son poste de président de la République au profit de l’effacé Kassym-Jomart Tokaïev, pour prendre le poste, créé exprès pour lui, d