Un «jeune président impétueux qui voulait tout bousculer». La description n’émane ni d’un contempteur d’Emmanuel Macron ni d’un admirateur de son penchant «disruptif»… mais du chef de l’Etat lui-même. Un autoportrait malicieusement glissé début novembre à Angela Merkel, venue faire ses adieux à la France après seize ans à la chancellerie. L’occasion, pour son homologue français, de la remercier pour sa «patience», son «indulgence» et pour lui «avoir tant appris», et de saluer, avec son emphase habituelle, le «magnifique destin européen» de la native de Hambourg.
A Berlin, ce «magnifique destin» semble déjà bien lointain, tant l’héritage diplomatique de «Mutti» Merkel a été terni – pour ne pas dire laminé – par la brutale agression russe de l’Ukraine. Les erreurs stratégiques de la politique russe menée par la chancelière conservatrice et ses coalitions successives (dialogue trop complaisant avec Vladimir Poutine, dépendance croissante au gaz russe), combinées à un sous-investissement chronique dans la défense, ont contraint les Allemands à un aggiornamento brutal. Une révolution nécessaire mais sans doute trop lourde à porter p