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Le 17 décembre 2020 à Berlin, un mois jour pour jour avant son retour en Russie et son arrestation, Alexeï Navalny rencontre Jacques Maire, alors membre de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. L’élu européen a été désigné comme rapporteur dans l’enquête sur l’empoisonnement qui a failli coûter la vie à l’opposant, et dont l’objectif est de «qualifier juridiquement les faits» et d’établir la responsabilité des autorités russes. Dans une déposition filmée dans une salle de réunion d’un hôtel, Navalny revient, en anglais, sur les circonstances de l’attentat de l’été 2020, le rôle des services secrets dans sa vie depuis qu’il a décidé de briguer la présidence russe, et ce qu’il pense de Vladimir Poutine, qui n’a jamais prononcé son nom en public. Quatre mois seulement après avoir frôlé la mort, l’opposant a tout retrouvé de sa superbe et de son entrain. «On s’attendait à avoir quelqu’un de convalescent, un peu abattu. On a vu un fighter, on a vu un personnage hyperdéterminé, physiquement très présent, assez empathique, accessible», témoigne Jacques Maire, qui a eu devant lui «un bloc de granit», prêt à «aucune concession dans son combat».
Avec l’accord de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, Jacques Maire livre aujourd’hui au débat public la vidéo de cette audition «alors qu’elle n’avait pas vocation à l’être», via Libération et LCI. «Des documents d’intérêt public pour l’histoire», commente l’ancien député, «une façon aussi de rendre hommage [à Navalny]. Parce que tous ceux qui voient cette vidéo, voient cet homme qui sort de l’hôpital, qui vient d’être empoisonné et qui se dit Je repars au combat demain».
Trois semaines après la mort d’Alexeï Navalny dans un pénitencier au-delà du cercle arctique russe, et alors que le flot des Moscovites lui rendant hommage ne tarit pas au cimetière où il repose depuis le 1er mars, se pose la question de l’avenir de ses travaux. Le 15 mars 2022, après avoir envahi l’Ukraine, la Russie claque la porte du Conseil de l’Europe dont elle était membre depuis 1996. «Tous les recours qu’a effectués Navalny, et les prisonniers politiques russes, toutes les infractions qui ont été constatées jusqu’au 15 mars 2022 et un an après sont toujours valides, sont toujours en cours, insiste Jacques Maire. Ce n’est pas parce qu’on se retire du Conseil de l’Europe que ces instances sont suspendues ou annulées.» Il ne s’agit malheureusement plus de travailler pour la sécurité ou la survie du principal opposant à Vladimir Poutine, mais «pour la justice et pour le droit, pour que pour lui comme pour les autres, un certain nombre de procédures puissent aller au bout, avec ou sans la coopération des Russes. Pour que, devant l’histoire, devant les Russes, la justice et la justice européenne en particulier, soit faite et soit dite».
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